Hugues Capet, premier roi des Francs

5- Les premiers Capétiens (987 – 1137):

Avec Hugues Capet dont la famille  devint  prestigieuse  après l’arrêt des Vikings (Normands) à Paris par Eude (Comte de Paris) lors du règne de Louis V le Fainéant (des Carolingiens) commence une nouvelle dynastie princière, celle des Capétiens (tiré de Capet). C’est ainsi qu’il est reconnu par tous les peuples qui composent la Francie Occidentale (Gaulois, Bretons, Normands, Gascons et même les Espagnols de Barcelone en conflit avec les musulmans). Néanmoins il n’est pas considéré par les historiens comme un grand roi. Son pouvoir est illusoire hors du domaine royal (Île de France) car la « France » est toujours dominée par de puissants seigneurs qui se partagent le territoire. On ne lui attribue juste, en plus de mettre la première pierre de la famille capétienne, une réforme monastique pour donner un nouveau souffle à la chrétienté  et la mise au pas des barons rebelles.

Mais les premiers Capétiens sont constamment aux prises avec de grandes  difficultés, et des menaces venant de l’extérieur du domaine royal. Leur souveraineté est sans cesse déstabilisée par d’autres dynasties qui veulent s’emparer du pouvoir, notamment les Carolingiens et les Plantagenets. Le règne des rois de ligne directe dure jusqu’en 1328. Sans héritiers mâles comme le veut le principe de la primogéniture, des branches collatérales prennent la succession jusqu’en 1792. Ce qui fait d’eux la famille la plus importante d’Europe, donnant même des Rois non seulement à la France pendant plus de 900 ans mais aussi à l’Espagne, le Pologne, le Brésil, la Hongrie, Naples la Sicile etc.

En 1078 les Fatimides (dynastie musulmane chiite) qui occupent Jérusalem sont délogés par les Turcs. Ceux-ci décident d’empêcher l’accès à cette ville sainte aux pèlerins chrétiens venant essentiellement d’Europe. Avec le règne des premiers Capétiens, naissent les Croisades qui vont opposer chrétiens et musulmans.

Bataille autour d'un château fort

4- Les invasions Normandes (814 – 987):

A la mort de Charlemagnes, son successeur Louis le Pieux hérite d’un puissant Empire. Louis est dépassé par les querelles fraticides de ses fils Lothaire, Louis le germanique et Charles le Chauve. Il arrive non sans beaucoup de mal, à maintenir un semblant d’unité que son père a mis toute une vie à bâtir et consolider. Juste après sa mort, et vingt-neuve ans après la disparition de l’Empereur, c’est le retour à la case de départ. Ses petits-fils se partagent en 843 (traité de Verdun) l’Empire en trois royaumes, profitant de l’impuissance des Carolingiens à s’y opposer : le centre comprenant Aix-la-Chapelle et Rome, l’Ouest (Francie occidentale qui deviendra la France) et le nord-est (Francie orientale qui deviendra l’Allemagne).

Le  morcellement, qui affaiblit considérablement l’Empire, sonne le glas et la décadence de la dynastie des Carolingiens. La Francie Occidentale notamment est attaquée de toute part. Les Normands (hommes du Nord de l’Europe) envahissent Nantes, Bordeaux puis Paris en pillant tout sur leur passage. Le salut de Paris vient d’Eudes, un seigneur de l’Ile de France de la dynastie des Capétiens, proclamé d’ailleurs Roi à la place de Charles le Chauve déchu mais considéré comme le premier roi de France (840-877). De l’Est arrivent les Hongrois qui atteignent la Bourgogne, alors que les Africains du Nord débarquent en Méditerrannée et pénètrent par l’Espagne. Ils ravagent villes et monastères avant d’être repoussés en 990. La partie occidentale (qui deviendra la France) née de la scission de l’Empire carolingien hérité de Charlemagnes est celle qui souffre le plus des invasions normandes. Tout ce qui a été réalisé et bâti sous le règne de l’Empereur notamment est dévasté et ruiné, renvoyant la « France » plus d’un siècle en arrière.

Entre-temps (911) les Normands s’établissent en Normandie, à Eudes succède Robert I (922-923) puis Raoul (923-936) le gendre de ce dernier, tous de la famille des Robertiens (qui tire son nom de Robert le Fort, marquis de neustrie) ancêtres des Carpétiiens. Même si de nouveau les Carolingiens reviennent au pouvoir avec Louis V le Fainéant, sa mort en 987 marque la fin définitive du règne de la branche française des Carolingiens. Avec Hugues Capet qui lui succède  naît la troisième dynastie des rois de France, celle des Capétiens qui va durer  jusqu’à 1328.

Moines copistes au Moyen-âge

Naissance de la littérature du Moyen Âge :

La littérature médiévale ou du Moyen âge concerne toutes les œuvres littéraires de l’Occident, produites ou écrites durant ce millénaire. Aussi paradoxale que cela puisse paraître, c’est cette période essentiellement instable, qu’on qualifie de barbare et féodale qui voit naître la langue française et sa littérature. Ce qui a fait dire aux spécialistes de cette époque que c’est « La période par excellence des enfances de la littérature française ». Cette époque mystérieuse est pourtant, sans aucun doute,  l’inspiratrice de plusieurs auteurs de grandes œuvres littéraires du XIXème siècle. L’activité littéraire est d’une certaine façon encouragée par les rois, les princes, les puissants. En effet, « l’écrivain » bénéficie de la protection et de subsides d’un prince ou d’un puissant, ce qui lui permet d’être à l’abri du besoin. En échange de quoi il est à son service, pour mener à bien ses commandes. Résultats, les textes sont écrits de façon à lui plaire, le séduire. L’essentiel des genres poétiques et narratifs français voient le jour dès les XIIe et XIIIe siècles

Comme partout, la littérature en France durant le Moyen âge est à ses débuts essentiellement  orale. Mis à part les clercs qui assurent la vie intellectuelle avant la naissance des universités, les autres ne savent ni écrire, ni lire. De plus sans moyen d’impression, la plupart des œuvres parviennent au public ou dans les cours par le chant ou simplement débitées. Cette littérature est l’œuvre de troubadours (appelés ainsi au sud) et de trouvères (appelé ainsi au nord), qui composent d’abord en vers. Leurs lieux de prédilections sont les châteaux, où en échange d’un repas copieux les nobles se font distraire par leur poésie plutôt courtoise. Leurs vers sont rapportés également par les jongleurs. Ces chanteurs ambulants vont de village en village, de cours en cours aussi, et font partie de ce qu’on appelle le cercle des amuseurs comme les clowns, les baladins, les saltimbanques…En ce sens ils sont donc les diffuseurs des troubadours et des trouvères, mais ils ne sont pas toujours tolérés. Ceux-ci sont donc incontestablement les précurseurs de la littérature française, longtemps influencée par la littérature médiévale. Même si pendant un temps, celle-ci est l’émanation d’une élite féodale, soucieuse de répandre ses idéaux telles que la bravoure, la piété, la fidélité…et structurer la société à sa guise. L’omniprésence de la foi chrétienne et des exploits guerriers dans cette littérature, sert à légitimer et assoir le système féodal. D’autres formes voient le jour plus tard, avec l’avènement d’une certaine bourgeoisie (lyrique, satirique…)

Le premier texte qu’on connaît du Moyen âge apparaît entre 880 et 883, et il est traduit du latin. « Séquence de sainte Eulalie » est un long poème qui évoque la religion, tout comme le reste de la littérature médiévale à ses débuts. On attribue généralement aux œuvres Boèce (conservée à la bibliothèque d’Orléans) et à la Chanson de Sainte Foi d’Agen (conservée à la bibliothèque de l’Université de Leyde), le statut de premiers écrits occitans (vers l’an 1000). La littérature française fait ainsi ses premiers pas avec des cantilènes (morceaux de poésies monotones), avant de connaître un essor considérable à partir du milieu du XIème siècle. Écrits avec l’ancien français jusqu’au XIIIème siècle, la langue évolue pour devenir trois siècles plus tard, le moyen français. Mais l’événement le plus importante dans l’histoire de la langue française reste « Les Serments de Strasbourg ». Le texte écrit dans deux langues, l’une à l’origine de l’allemand (tudesque) et l’autre du français (romane), définit une alliance entre deux des petits-fils de Charlemagne. Il s’agit de Louis le Germanique qui occupe la zone germanique de l’empire et Charles le Chauve qui occupe la zone française, contre leur frère aîné Lothaire qui lui est à la tête de  la Lotharingie située entre les deux. Cette alliance militaire est établie pour faire face aux ambitions du grand frère, qui revendique le titre d’empereur d’Occident, c’est-à-dire des trois territoires. Mais bien avant en 813 déjà, le concile de Tours réuni par Charlemagne avait proclamé la reconnaissance des deux plus grandes composantes linguistique de son empire : la langue romane (de la campagne et issue du latin) et la langue tudesque ou germanique. Cet événement marque une étape importante dans la formation de la langue française.

La poésie lyrique et la chanson de geste constituent l’essentiel de la littérature médiéval jusqu’au milieu de Ixième siècle. Celle-ci s’exprime en latin, la langue de l’église et des ecclésiastiques (de la Bible donc), jusqu’à l’occupation romaine de la Gaule qui voit apparaitre deux langues (influencées par cette même langue). La première, langue d’Oc, voit le jour au Sud de la France (Sud de la Loire) en Occitanie qui compte le Languedoc, la Gascogne, le Limousin, la Provence et l’Auvergne. Influencée par la clémence du Sud du pays contrairement au nord, tirant son inspiration des rythmes latins de l’Église et de l’Espagne sous domination musulmane (Mozarabe), la poésie lyrique est courtoise et d’une sensibilité très vive. Encouragée par la noblesse elle trouve son plein épanouissement dans les cours, qui accueillent les poètes pour divertir les seigneurs en espérant que ceux-ci fassent preuve de générosité. La noblesse a aussi ses poètes, dont le plus célèbre est Guillaume IX d’Aquitaine fondateur de la poésie occitane. Sa petite-fille Aliénor, reine de France (1137-1152) puis d’Angleterre (1154-1204), est connue pour son attachement aux lettres dont elle est une fervente protectrice.

Au nord de la Loire apparaît la seconde langue, la langue d’oïl. Là se développe la chanson de geste, un genre épique (lié à l’épopée). Elle relate des hauts faits et triomphes de guerres (Croisades, guerre de cent ans…), mais aussi des drames imaginaires, des légendes. Les guerres inspirent donc ces écrits, qui marquent les véritables débuts de la littérature française. Ils sont composés en langue d’oïl par des trouvères, poètes et compositeurs issus de la noblesse ou de la bourgeoisie. Comme elle est le plus souvent récits d’exploits chevaleresques et de contes d’aventures, la chanson de geste est  la préférée de seigneurs. Elle incarne aussi le plus souvent, l’intérêt que manifeste le peuple pour les faits héroïques et romantique. C’est même un besoin pour lui : s’évader, rêver, dans une société où il est difficile de survivre. On citera la Chanson de Roland, Tristan et Iseult, Perceval, Le Chevalier au lion, Les Chroniques de Joinville et Villehardouin  etc. Les clercs de leur côté étaient plus portés sur une poésie moralisante et allégorique, une littérature plutôt savante représentée par Le Roman de la Rose. Ils ont le mérite de faire avancer les choses, de briser des tabous avec leur esprit frondeur dont la référence est la science. Quant aux bourgeois qui aimaient se moquer des pratiques et mœurs de leur temps, ils affectionnaient les fabliaux et les satires. Le Roman de Renart,  où il est question d’animaux parodiant la chevalerie et faisant la leçon aux hommes, en est l’exemple type.D’autres genres suivent qui nous autorise à parler de classification ou de genres littéraires.

Poésie épique ou Chanson de geste (XIème siècle) : le mot « geste » signifie « actions faites » référence aux « exploits guerriers », qu’elle relate en mêlant légendes et faits historiques tout en mettant en valeur l’idéal chevaleresque. Poèmes narratifs où se mêlent faits historiques et légendes, elle est un peu l’égale des poèmes homériques de la Grèce antique, de l’épopée scandinave, germanique ou encore anglo-saxonne. C’est le véritable début de la littérature d’expression française. Écrites par des trouvères, les chansons de geste relatent les exploits guerriers, les héros, mais aussi des légendes pour faire rêver. Elle s’inspire des cantilènes et autres chants populaires que les femmes particulièrement, entonnent pour soulager leurs peines, lorsque les hommes partent au front. La chanson de geste illustre particulièrement l’idéalisation de la société féodale, à travers des héros dont on met en avant l’esprit chevaleresque, et présentés comme animés de générosité, de courage, de sens du sacrifice, de courtoisie aussi… Elle est sensée véhiculer des valeurs, référence morale pour la société. La Chanson de Roland  par exemple, écrite au XIème siècle, rapporte les exploits de l’armée de l’Empereur Charlemagne. Elle est considérée comme l’œuvre majeure, qui ouvre la voie à la langue française. La chanson de geste a été exploitée par l’aristocratie pour légitimer son pouvoir à travers des histoires, des récits des hauts faits du passé, fondateurs et souvent commandées auprès des trouvères. Elle sert aussi à faire l’éloge de sanctuaires, afin d’attirer les pèlerins et se faire de l’argent.

-La poésie lyrique ou la littérature courtoise : elle revêt deux formes le « lai » (forme fixe) et le roman elle apparaît au XIIème siècle avec les troubadours, pour glorifier l’amour unique et idéal, véhiculé par des personnages souvent héroïques. Le thème de l’amour y est exprimé avec raffinement, d’où certainement son appellation. L’influence du sentiment religieux prédomine, jusqu’à la soumission à une vie amoureuse codifiée strictement. Qu’elle soit sous une forme fixe (appelée « lai »), ou long récit écrit en vers ou en prose (roman courtois), cette littérature s’intéresse à la passion amoureuse et ses dangers, à la façon d’aimer, en mettant en avant des aventures souvent dramatiques, prétend véhiculer un modèle servant de référence. L’exemple type est la légende de « Tristan et Iseult », l’histoire d’un amour impossible, qui se termine par la mort des deux amants. Toujours sur le thème de l’amour courtois, « Le Roman de la Rose » du début du XIIIème siècle est considéré comme un chef d’œuvre, et serait le dernier du genre. A noter qu’à l’époque Roman signifiait tout ce qui n’était pas en latin donc Oc ou Oïl.

-La poésie ou littérature satirique : appelée aussi Fabliaux ou populaire, elle apparaît pour railler les valeurs féodales et courtoises. C’est la littérature de la bourgeoisie, narquoise mais réaliste. Les auteurs anonymes font rire, et s’amusent à prendre leur revanche sur les plus forts, en se moquant d’eux  avec de petits récits comiques, parfois grossiers mais toujours avec une morale. Cette poésie moralisante, qui utilise les animaux pour critiquer les hommes, est incontestablement éducative. Le « Roman de Renart  » est la première œuvre littéraire satirique, roman voulant dire alors écrit en langue romane (français vulgaire). Les personnages sont des animaux qui paraissent doués de raison, auxquels on attribue des traits de caractères humains (naïveté, vice, malhonnêteté, ruse…). Elle s’adresse donc essentiellement au peuple, tout en se riant de la noblesse.

-Les Chroniques : premières œuvres rédigées en prose française, elles rapportent les exploits de guerriers. Elles sont souvent idéalisées, empruntes d’un caractère moralisant pour la société. Les auteurs y ont souvent participé ou y ont été témoins. Les premières inspirations viennent des Croisades, avant que « La Guerre de Cent Ans » ne soit rapportée par Jean Froissart. Les chroniques sont les prémisses d’œuvres historiques, leurs auteurs les premiers historiens sans doute.

-Le Théâtre : considéré comme primitif, il apparaît sur scène tardivement, à partir du XIVème siècle. Il est d’abord d’inspiration religieuse (Rutebeuf), situé entre le profane et le sacré. Il voit le jour dans les églises, où Mystères tels que l’Ascension, Noël, Pacques…et la vie des Saints sont mis en scène. Mais très vite, en dehors se développe un théâtre d’un autre genre (Adam de la Halle) « La Farce » ou « Les Farces », qui devient très populaire. Comique, ironique, railleur, pourtant moralisant, il est combattu par les autorités religieuses en vain, parce qu’il leurs faisaient de l’ombre. La première pièce, œuvre majeure, voit le jour en 1460. Il s’agit de « La farce de Maître Pathelin » dont on ne connaît pas l’auteur. Ce genre est repris avec succès par Molière, plus de deux siècles plus tard.

Conclusion :

En résumé, les auteurs du Moyen-âge nous lèguent pas loin de 900 œuvres complètes, qui constituent une toute première bibliothèque propre à cette période. Ces hommes et femmes contribuent largement à faire évoluer les langues qui forment l’ancien français en une seule, le moyen français, au bout de quelques siècles. Ces œuvres littéraires sont aujourd’hui présentes grâce au passage de  l’oralité à l’écriture, puis au manuscrit qui apparaît avant le XIIIème siècle dans les abbayes. Des clercs (copistes) recopient des œuvres pour les bibliothèques des couvents. Puis apparaissent des ateliers séculiers qui ont une véritable activité d’édition, pour répondre aux besoins des écoles et universités naissantes, et aux nombres de lecteurs grandissant. L’édition est donc l’œuvre de copistes, qui créent ainsi pour la première fois le commerce du manuscrit. Le plus célèbre est David Aubert (XVème), écrivain, compilateur et copiste. Mais on oublie que bien avant lui il y a Alcuin. Ce moine anglais appelé avec d’autres érudits par Charlemagne (768 – 814), produit au moins cinquante exemplaires de la Bible avant de  mettre en place un atelier de copistes. C’est grâce à eux que des dizaines d’œuvres sont alors récupérées et conservées. Les Carolingiens utilisent du parchemin (peau d’agneau et de veau) au lieu du papyrus, abandonné déjà par leurs prédécesseurs les Mérovingiens. Si nous héritons de peu d’œuvres pour un millénaire, c’est parce qu’une bonne partie avait déjà  disparue faute de publication écrite. La littérature du Moyen âge se caractérise par conséquent non pas par sa profusion, mais par son originalité et surtout sa diversité et sa richesse avec plusieurs styles et genres. Qualifiée de d’obscurantiste et barbare, elle a mauvaise réputation durant la Renaissance, avant que les romantiques du XIXe siècle ne la redécouvre et l’apprécie. Pour preuve, les auteurs de cette époque s’inspirent de ce riche héritage. Fort heureusement aussi plusieurs auteurs se sont penchés depuis sur ce passé médiéval, pour réveiller en nous la mémoire de cette époque qui aurait pu sans eux être oubliée. Nous allons maintenant pour la période du Moyen âge ici définie allant du 9e siècle au 15e siècle, vous faire découvrir les « auteurs » qui ont le plus marqué cette littérature, ainsi que leurs œuvres essentielles.

Sacre de Charlemagne par le pape Léon III

3- Charlemagne, empereur d’Occident (768 – 814):        

A la mort de Pépin le Bref, ses deux enfants Charles l’aîné et Carloman lui succèdent. Les deux partagent le trône de roi des Francs mais pas pour longtemps. Le jeune frère meurt soudainement 3 ans après (768-771). Charles s’empare de son royaume, faisant fi des droits de ses neveux qui se réfugient avec leur maman en Lambardie. Charles dit le Grand et en latin Carolus Magnus (ce qui lui vaut le nom de Charlemagne) est né en 747 au château de Salzbourg en Bavière. Après trois siècles de guerres et de chaos c’est ce membre de la dynastie franque, à qui il attribue le nom de Carolingienne en référence à son nom (alors qu’il n’en est pas le fondateur) qui restaure le royaume. Plus que ça, monarque guerrier et ambitieux il entreprend de conquérir d’autres territoires.

Charles le Grand  rêve de recréer l’Empire romain tel qu’il était sous les Césars. Il combat les Lombards, les Sarrasins, les Huns, les Bretons, les Danois, les Saxons…Le règne des Francs s’étend au bout d’une décennie jusqu’à l’Espagne musulmane, les royaumes anglo-saxons,  le royaume des Lombards et presque toute l’Italie, la Saxe, la Bavière et plus loin encore en Scandinavie et en terre slave. Charlemagne s’engage alors dans l’organisation du royaume pour avoir mise sur lui. Il met à la tête des régions des comtes, qu’il fait surveiller par des missi dominici, eux-mêmes espionnés par des émissaires (« ses compagnons ») qui lui rapportent ce qui se passe dans le moindre recoin du royaume. Après avoir réussi le pari de rassembler une bonne partie de l’Europe occidentale, il met en place les bases de gouvernement qui vont inspirer plus tard les plus importants Etats européens.

Très soucieux de religion, il va jusqu’à massacrer tous ceux qui refusent de se convertir  (génocide de 4500 Saxons à Verden). Il est certainement le souverain qui fait chrétien tout  l’Occident. Il est en ce sens le fondateur de l’Empire Chrétien d’Occident. Le soutien au pape Léon III lui vaut d’être couronné empereur d’Occident le 25 décembre 800 à la basilique Saint Pierre de Rome. Il est déclaré César et Auguste avec les ornements des anciens empereurs romains. Dès lors il se prend pour un prince nommé par Dieu, le maître de l’Eglise et même théologien. Il étend ses pouvoirs jusqu’à empiéter sur ceux du pape, en nommant lui-même les évêques.

L’Occident doit à cet homme qui ne sait pourtant même pas écrire, bien qu’il parle plusieurs langues et  manifeste un goût élevé pour les sciences, d’être derrière son réveil intellectuel. Il protège et encourage les arts et les lettres alors qu’à cause de son inculture notoire associée à sa tyrannie, bien d’anciennes cultures européennes sont anéanties. Il s’entoure de grands savants de l’époque, qu’il fait venir de toute l’Europe. Les Italiens Paul Warnefrid (dit Paul Diacre) et Pierre de Pise l’initient le premier à la littérature latine et grecque et le second à la grammaire. L’Espagnol Théodulf poète et théologien qui réorganise l’enseignement, construit et restaure plusieurs églises. Le moine Anglais Alcuin réputé pour son intelligence, enseigne les arts libéraux à l’école du palais dont-il est le chef. Charlemagne et d’autres grands sont ses disciples. Réformateur infatigable, ce moine écrit pas moins 80 ouvrages et 350 lettres. Il crée le plus important atelier de copistes qui s’attèlent à reproduire une cinquantaine de Bibles, avant de récupérer 150 œuvres originales de la culture classique latine et les sauver. Ainsi tous ces hommes apportent leur savoir pour promouvoir les études et les connaissances, grâce à eux entre autres on peut considérer le règne de Charlemagne comme une renaissance carolingienne. Pour promouvoir les connaissances il ordonne que les églises, les cathédrales, les monastères ouvrent des classes pour accueillir les enfants. C’est la naissance de l’école publique. Le fils de Pépin le Bref et digne petit fils de Charles Martel meurt le 28 janvier 814 à Aix la Chapelle. Son fils unique (car Charles et Pépin sont morts avant lui) Louis le Pieux lui succède.

L’épopée de Charlemagne est relatée et immortalisée dans une chanson de geste et poème épique par Turold. « La Chanson de Roland » rapporte la mort du chevalier Roland, tué par les maures à la bataille de Ronceveaux, vengée par Charlemagne.

 

 

Charles Martel à la bataille de Poitiers

2- L’avénement des Carolingiens (751-987 ) 

La disparition de Clovis va plonger la Gaule dans trois siècles (dit des « rois fainéants ») de guerres territoriales et d’anarchie. Le pouvoir de la dynastie mérovingienne se désagrège, ce dont profitent  les maires du palais pépinides pour accroître leur pouvoir notamment après la mort du roi Dagobert 1er (602 à 5 – 638 ou 39) arrière petit-fils de Clovis. Les maires sont les plus hauts dignitaires après les rois. Attachés  au  roi ou à la reine, ils représentent  auprès d’eux les puissantes aristocraties régionales. Au sein du palais ils gèrent la fortune royale, dirigent les intendants chargés de l’exploitation du domaine royal. Le plus important d’entre-deux est Pépin de Landen,  maire du Palais des Pépinides (qui vient de Pépin) une puissante et riche dynastie d’Austrasie.

Avec l’affaiblissement du pouvoir royal, causé par  la fin des guerres de conquêtes et par conséquent des butins et tributs (source de revenues), l’épuisement des finances de la monarchie et les crises de successions qui reviennent parfois à des mineurs, il arrache de plus en plus de privilèges aux souverains mérovingiens. Ceux-ci assistent impuissants à la perte progressive de leur pouvoir, même celui de  nommer comtes, ducs et évêques. Les Pépinides, qui prennent le nom de Carolingiens, vont prendre l’ascendant par Pépin de Landen puis Anségisel, Pépin de Herstal, Charles Martel et enfin Pépin le Bref, tous tour à tour  maires du Palais d’Austrasie jusqu’à prendre le pouvoir totale.

Charles Martel est certainement le plus important de tous. Il réussit à réunifier le royaume en écrasant  les peuples de l’Est, mais sans chasser du trône Thierry IV (10 ans) le roi des Francs toujours de la dynastie mérovingienne. Son prestige s’accroit encore quand il court au secours d’Eudes, duc d’Aquitaine, menacé par les musulmans venus islamiser l’Europe. Il les défait lourdement à Poitiers, et met fin à l’expansion de l’Islam en Occident, une dizaine d’année après le franchissement du Détroit de Gibraltar. Cette victoire lui vaut le nom de « défenseur de la Foi et de la Chrétienneté ». Plus que ça,  il est le sauveur  et devient le maître incontesté du royaume franc. Il gouverne le royaume en lieu et place du jeune Thierry jusqu’à sa mort.

Charles  Martel laisse deux enfants, Carloman l’aîné et Pépin le Bref le plus entreprenant. Ce dernier fait tout pour se débarrasser de Childeric III,  le dernier roi mérovingien. Pour légitimer sa prise du trône, il demande officiellement  la bénédiction du pape Zacharie, ce qu’il obtient. Les derniers Mérovingiens sont chassés du trône. Le nouveau souverain est tenu par conséquent de rester fidèle à l’Eglise, et d’avoir l’oreille attentive à celui qui la dirige de Rome. Pépin le Bref devient le premier roi carolingien des Francs en 751, et s’engage avec succès dans la réunification du  royaume. C’est le début du règne des Carolingiens. A sa mort en 768, Charles l’un de ses deux fils s’impose et lui succède, pour devenir Charlemagne le fondateur de l’empire carolingien.

 

Clovis baptisé par l'évêque Remi de Reims

La conquête de la Gaule par Clovis (466-511):

             Clovis de son vrai nom Chlodowech, avant de devenir Louis et enfin Louis 1er succède à son père en tant que roi à l’âge de 15 ans en l’an 481 à Tournai.  Païen et barbare il descend de la dynastie des Mérovingiens (qui proviendrait du nom du grand-père Mérovée), qui ont régné sur une bonne partie des territoires français, allemands, suisses et belges, et elle-même issue des Francs saliens. Rusé et ambitieux jusqu’à avoir recours aux assassinats, il veut s’affirmer et s’emploie à réunifier le royaume franc morcelé en petits royaumes pour en devenir le maître. Il entreprend la reconquête de la Gaulle, et c’est le début d’une longue guerre. Il triomphe sur les Romains à Soissons, il combat les Alamans à Tolbiac (497). C’est là qu’il implore Dieu pour la victoire, et promet de se convertir au catholicisme. Il marche sur la Bretagne puis la Loire. En route pour conquérir le su de la Gaule, il affronte le roi Alaric II près de Poitiers dans une terrible bataille dite de « Vouillé », et dont il sort victorieux. Il parvient à dominer toute la partie occidentale de l’empire romain, et en 509 il fait de Paris la nouvelle capitale de son royaume.

Païen tout comme une partie de son peuple, il reçoit finalement son baptême en 499 des mains de saint Remi évêque de Reims, en même temps que 3000 de ses guerriers. Cette conversion lui permet d’être bien accueillis par les populations gallo-romaines. Ce baptême lui assure le soutien du clergé, qui voit en lui un champion du catholicisme. Désormais il règne au nom de Dieu, et devient le premier roi chrétien de ce qui allait devenir la France. C’est aussi le début d’un lien fort clergé-monarchie, qui ne prend fin qu’avec la révolution française.

Pour organiser son royaume il réunit à Orléans un concile des Gaules en 511, juste avant sa mort. Trente deux évêques sont présents pour remettre de l’ordre dans l’épiscopat du royaume des Franc. Il est question aussi d’établir les futures relations entre le roi et l’Eglise, de  définir les tâches qui incombent à l’administration d’un côté et le clergé de l’autre. Mais l’effritement du grand Empire Romain, sa mort prématurée qui entraine la fin de l’unité à cause des querelles entre ses quatre fils héritiers, ne sont pas sans conséquences. La fin de l’unité territoriale batie en une vie d’alliances et de guerre est scellée. L’Europe entre progressivement dans le Moyen Âge. Le règne des descendants de Clovis durent trois siècles, avant d’être remplacés par les Carolingiens et Charlemagne. Clovis est considéré comme le premier grand roi de France, et son règne le premier évènement marquant du Moyen âge.

 

 

La religion domine tout

La littérature médiévale:

On ne peut aujourd’hui parler de littérature française sans un retour au Moyen âge,  la période qui l’ a vue naître. En effet c’est durant ce millénaire que la langue française s’est construite aussi primitive soit-elle, grâce aux pionniers de l’écriture médiévale qui se sont succédés. Avec la Renaissance française, c’est l’ aboutissement avec le développement de l’imprimerie et l’ordonnance de 1539 du roi François Ier. Celui-ci donne à la langue française le statut de langue de droit et de l’administration, remplaçant ainsi le latin non accessible à la majorité de la population, puis plus tard celui de langue officielle unique. François Rabelais, Pierre de Ronsard, Michel de Montaigne et quelques autres écrivains se positionnent comme  ses défenseurs en l’utilisant, suivis par quelques mathématiciens, chimistes, médecins,  historiens et astronomes.

Le Moyen Âge:

Le Moyen Age qui vient de l’expression latine « medium oevum » qui veut dire âge moyen d’un homme, désigne une période située entre l’Antiquité et les Temps modernes. Il succède donc aux plus anciennes civilisations dotées de l’écriture, et représente un âge intermédiaire entre différentes époques et différents courants artistiques. Traditionnellement il commence à la chute de l’empire romain de l’Occident (fin du Vème siècle).

Les assauts répétés des tribus guerrières germaniques, telles que les Goths, les Lombards ou encore les Vandales et les Huns ravageant et pillant tout finissent par avoir raison de l’Empire romain d’Occident. Rome est mise à sac, et ces guerriers fondent des royaumes sur les territoires romains. L’Europe s’effrite alors en plusieurs territoires, les chefs vainqueurs s’autoproclament rois.  C’est le début d’une époque de l’histoire qu’on qualifie de sombre, et qui s’achève entre la prise de Constantinople (milieu du XVème siècle) et la Renaissance (fin du XVème siècle). Le Moyen âge se termine en fait avec le début des grandes découvertes : presse à imprimer de Gutenberg (1470), l’Amérique par Christophe Colomb (1492)…

Cette période est marquée par un constant état de guerre (invasions, guerre de Cent Ans, conquêtes, Croisades, luttes de seigneurs à seigneurs…), de fréquentes épidémies dans un monde féodal où seule la force règne. La peur collective règne partout, et nul ne s’aventure en dehors des sentiers battus où les bandits des grands chemins font régner la terreur. La religion est omniprésente, c’est autour d’elle que se regroupent les peuples. Cette ferveur religieuse génère un certain fanatisme, à l’origine de la persécution et surtout de  l’inquisition, un abominable fléau. Dieu et Satan tiennent la vedette. Les conflits trouvent souvent leur origine dans les relations entre les différentes croyances. Cependant, comme l’affirment des historiens, le Moyen Âge ce n’est pas seulement une période sombre et décadente de l’histoire.

Dans ce monde d’ignorance, l’Église joue malgré tout un rôle important sur le chemin de la renaissance, en ce sens qu’elle est l’unique établissement culturel. Au Vie siècle déjà Saint Benoît, fondateur de l’ordre bénédictin ou règle de saint Benoît (règle de vie en collectivité) puis considéré comme le patriarche des moines d’Occident, recommande aux moines d’apprendre l’écriture, de constituer une bibliothèque dans chaque couvent et église et d’y ouvrir des écoles élémentaires. A la théologie viennent s’ajouter la philosophie et d’autres disciplines liées à la vie pratique. Les mathématiques apparaissent avec le développement du commerce, et la médecine pour faire face aux maladies qui déciment les populations. Les arts comme la peinture y tiennent généralement une place tout à fait significative. La foi est à l’origine de l’épanouissement de l’architecture romane puis gothique. Les cathédrales et les églises dont les décors sont particulièrement soignés en témoignent. La Paix de Dieu et la trêve de Dieu (Xe-Xe siècles) attestent des tentatives des religieux de pacification, même si en fin de compte elles n’ont fait que restaurer l’autorité religieuse et renforcer l’ ordre féodal.

Des périodes de renouveau, qualifiées de « renaissances médiévales », ont ainsi bien été mises en évidence par les médiévistes qui sont même convaincus que cette époque constitue la pierre angulaire de la civilisation occidentale. C’est durant ce millénaire d’instabilité que la langue et la littérature françaises voient le jour. Les mutations de la société au cours de cette période, les évènements, les guerres et une foi ardente influent sur cette littérature naissante, avant que celle-ci ne contribue à son tour à faire évoluer les mœurs, les mentalités et la société tout entière. Avec les principaux genres littéraires qui apparaissent tour à tour, elle tient alors une place de plus en plus importante. Sans elle nous ne connaîtrions pas grand-chose de cette époque, qui reste malgré tout entouré de mystères.

Enfin, le Moyen Age c’est aussi le temps des chevaliers, des valeurs sincères et d’une époque où légendes et réalités se mêlent dans notre imaginaire. Demeures des rois et des chevaliers, les châteaux forts restent les symboles du Moyen Âge et de l’art de la guerre qui s’y est développé.