François de Malherbe, l’initiateur de la poésie classique

24 Avr 2015 | Publié par mus dans Histoire de la littérature française | La Renaissance
Malherbe ou la rigueur des mots
Malherbe ou la rigueur des mots

Biographie de François de Malherbe (1555 – 1625)

François de Malherbe naît à Caen entre 1555 et 1556 d’une famille protestante, noble mais pauvre. Son père, seigneur de Digny, écuyer, conseiller au bailliage et présidial de Caen fait partie d’un milieu social de fonctionnaires et de juristes très actif dans cette ville normande. Sa mère n’est autre que Louise de Vallois, fille d’Henri le Vallois seigneur d’Ifs.

Malherbe entame ses études dans sa ville natale jusqu’à l’université, avant d’être envoyé par son père à Paris, Heidelberg (Allemagne) puis Bâle (Suisse) pour suivre des cours de brillants professeurs. Il n’a que 19 ans quand il achève ses études en 1586. Il s’installe alors à Paris, dans l’espoir d’y faire fortune.

Il rencontre Henri le duc d’Angoulême, fils naturel du roi Henri II, et rentre à son service. Quand celui-ci est nommé gouverneur de la Province, il le suit à Aix. C’est là qu’il croise une jeune fille qu’il appelle Nérée (anagramme certainement de Renée). Il l’aime tellement, mais sans être payé en retour, qu’elle lui inspire ses premiers vers. La mort du duc en 1586 ruine ses espérances. Il disparaît pour réapparaître en 1599 en quête toujours de prospérité. Entre-temps il avait succombé au charme de Madeleine de Coriolis, fille de Louis de Cariolis (seigneur de Corbières) qu’il épousa en 1581. A Paris donc il est présenté au roi Henri IV, pour lequel il écrit une ode (La Prière pour le Roi Henri le Grand allant en Limousin), en perspective de la campagne contre les insurgés du Limousin. Il devient poète officiel de la cour à partir de 1605. Il gardera ce statut, après la mort d’Henri IV, sous le règne de Marie de Medicis et Louis XIII qui le protègent. Quand la reine est écartée des affaires, il devient indésirable. Après une retraite de quelques années, il s’attache au cardinal de Richelieu qui entre-temps avait pris de l’importance . Il le nomme trésorier de France,  en contre-partie de quoi il célèbre sa politique avec sa poésie.

Poète avéré certes, mais François de Malherbe a néanmoins une très forte opinion de lui-même. Un orgueil tellement excessif qu’il réplique à la princesse de Conti, qui voulait un jour lui montrer les plus beaux vers qu’il ait lu, par  « Pardonnez-moi, si ce sont les plus beaux, je les connais, puisque moi seul je puis en être l’auteur », avant même d’en prendre connaissance. Cette absence de modestie finit par lui coûter, puisqu’il se fait de farouches ennemis.

François de Malherbe ne survit pas longtemps à la mort de son fils (1627). Il décède en 1628, après avoir répondu au prêtre qui voulait le confesser: « Je ne me confesse qu’à Pâques » .

Oeuvre de François de Malherbe

L’oeuvre de François Malherbe peut se résumer dans ces vers de Boileau un siècle plus tard:

Enfin, Malherbe vint et le premier en France

Fit sentir en ses vers une juste cadence.

D’un mot mis en sa place enseigna le pouvoir

Et réduisit la muse aux règles du devoir,

Par ce sage écrivain, la langue révérée

N’offrit plus rien de rude à l’oreille épurée…

Le poète est en effet considéré comme le père de la poésie française. C’est lui qui jeta les bases du classicisme qui s’oppose au baroque, qui dominera deux siècles durant. Boileau lui reconnut, avant tous les autres, la clarté et la rigueur qu’il apporta à la poésie et qui inspira le goût classique. Mieux encore, poète grammairien il donna au siècle d’après une nouvelle langue et une poésie, où règne la simplicité et la rigueur dans la construction des phrases et des strophes et dans laquelle domine le lyrisme. Ce qui lui valut d’être surnommé le « tyran des mots et des syllabes ». Malherbe n’avait qu’une obsession: épurer, discipliner et défendre la langue française. Il le fit jusqu’à la fin de sa vie jusqu’à corriger, une heure avant sa mort, un mot qui n’était pas bien français de sa garde-malade. A son disciple Racan qui le réprimanda il lanca « Laissez, je maintiendrai jusqu’au bout la pureté de la langue française. » Son autre obsession était celle d’une poésie nationale accessible à tous, même aux plus humbles. Si le roi Henri IV a rétabli la paix, le poète y a contribué avec les mots.

Œuvres de François de Malherbe

Jusqu’à un an avant sa mort, les différentes pièces poétiques de Malherbe figurent dans des éditions collectives, sous formes de feuilles volantes, des livrets de ballets, des livres d’airs de cour… Il réunit son oeuvre poétique en 1627, mais ne vivra pas jusqu’à sa publication puisqu’il décède en 1627. Son oeuvre complète en un seul volume, n’apparaît finalement qu’en 1630.

La poésie de Malherbe englobe plusieurs thèmes: la nature, Dieu, l’amour , la mort, les guerres et les paix, le temps. Poète de cour, on retrouve parmi ses poèmes hiérarchisés, des poésies et des odes flatteuses consacrées aux rois et leurs maîtresses, aux reines et aux Grands de son temps d’une manière générale. On y trouve aussi des poésies religieuses, des poésies galantes destinées à ses maîtresses plutôt poétiques, des épitaphes et consolations, des vers de ballets essentiellement. Les styles diffèrent d’un genre à l’autre. Les poésies galantes et le ballets sont plutôt légères, les consolations ont une cadence progressive. Quant aux odes elles sont solennelles, lyriques et louangeuses alors que l’épitaphe est brève et chargée d’humour contrastant avec l’ampleur et la gravité des paraphrases. Lorsqu’il rassemble ses œuvres, le poète fait preuve de purisme en prenant soin de supprimer celles qui sont italianisantes de ses débuts ainsi que celles qui sont d’inspiration mythologique et burlesque ou encore baroque.

Quatre pièces d’inspiration religieuse jalonnent dans le temps l’oeuvre de Malherbe. Il s’agit de Paraphrase du Psaume VIII avant 1605, Paraphrase du Psaume CXXVIII en 1614, Stances spirituelles en 1619 et Paraphrase du Psaume CXLV en 1626.

Quelques œuvres de Malherbe

Si des maux renaissants avec ma patience (1586)

Premiers stances, inspirées à l’auteur par son tout premier amour déçu Renée (Nérée). Une femme qu’il aima vraiment sans être payé de retour, d’où le dépit et une dédaigneuse fierté avec lesquels ces vers ont été écrits.
Si des maux renaissants avec ma patience

N’ont pouvoir d’arrêter un esprit si hautain,
Le temps est médecin d’heureuse expérience ;
Son remède est tardif, mais il est bien certain.

Le temps à mes douleurs promet une allégeance,
Et de voir vos beautés se passer quelque jour ;
Lors je serai vengé, si j’ai de la vengeance
Pour un si beau sujet pour qui j’ai tant d’amour.

Vous aurez un mari sans être guère aimée,
Ayant de ses désirs amorti le flambeau ;
Et de cette prison de cent chaînes formée
Vous n’en sortirez point que par l’huis du tombeau.

Tant de perfections qui vous rendent superbe,
Les restes du mari, sentiront le reclus ;
Et vos jeunes beautés flétriront comme l’herbe
Que l’on a trop foulée et qui ne fleurit plus.

Vous aurez des enfants, des douleurs incroyables,
Qui seront près de vous et crieront à l’entour ;
Lors fuiront de vos yeux les soleils agréables,
Y laissant pour jamais des étoiles autour.

Si je passe en ce temps dedans votre province,
Vous voyant sans beautés et moi rempli d’honneur,
Car peut-être qu’alors les bienfaits d’un grand Prince
Marieront ma fortune avec que le bonheur ;

Ayant un souvenir de ma peine fidèle,
Mais n’ayant point à l’heure autant que j’ai d’ennuis,
Je dirai : Autrefois cette femme fut belle,
Et je fus autrefois plus sot que je ne suis.

Les larmes de Saint Pierre (1587)

(Poème inspiré ou imité du Transille et dédié au roi Henri III)

Composés lors des guerres de religion, ces vers religieux évoquent Saint Paul qui, pour sauver sa vie, nie être le disciple de Jésus Christ. Malherbe y fait également de multiples allusions à son époque.

Ce n’est pas en mes vers qu’une amante abusée
Des appas enchanteurs d’un parjure Thésée,
Après l’honneur ravi de sa pudicité,
Laissée ingratement en un bord solitaire,
Fait de tous les assauts que la rage peut faire
Une fidèle preuve à l’infidélité.

Les ondes que j’épands d’une éternelle veine
Dans un courage saint ont leur sainte fontaine ;
Où l’amour de la terre et le soin de la chair
Aux fragiles pensers ayant ouvert la porte,
Une plus belle amour se rendit la plus forte,
Et le fit repentir aussitôt que pécher.

Henri, de qui les yeux et l’image sacrée
Font un visage d’or à cette âge ferrée,
Ne refuse à mes vœux un favorable appui ;
Et si pour ton autel ce n’est chose assez grande,
Pense qu’il est si grand, qu’il n’auroit point d’offrande
S’il n’en recevoit point que d’égales à lui.

La foi qui fut au cœur d’où sortirent ces larmes
Est le premier essai de tes premières armes,
Pour qui tant d’ennemis à tes pieds abattus,
Pâles ombres d’enfer, poussière de la terre,
Ont connu ta fortune, et que l’art de la guerre
A moins d’enseignemens que tu n’as de vertus.

De son nom de rocher, comme d’un bon augure,
Un éternel état l’Église se figure ;
Et croit, par le destin de tes justes combats,
Que ta main relevant son épaule courbée,
Un jour, qui n’est pas loin, elle verra tombée
La troupe qui l’assaut et la veut mettre bas.

Mais le coq a chanté pendant que je m’arrête
À l’ombre des lauriers qui t’embrassent la tête,
Et la source déja commençant à s’ouvrir,
A lâché les ruisseaux qui font bruire leur trace,
Entre tant de malheurs estimant une grace,
Qu’un Monarque si grand les regarde courir.

Ce miracle d’amour, ce courage invincible,
Qui n’espéroit jamais une chose possible
Que rien finît sa foi que le même trépas,
De vaillant fait couard, de fidèle fait traître,
Aux portes de la peur abandonne son maître,
Et jure impudemment qu’il ne le connoît pas.

À peine la parole avoit quitté sa bouche,
Qu’un regret aussi prompt en son ame le touche ;
Et mesurant sa faute à la peine d’autrui,
Voulant faire beaucoup, il ne peut davantage
Que soupirer tout bas, et se mettre au visage
Sur le feu de sa honte une cendre d’ennui.

Les arcs qui de plus près sa poitrine joignirent,
Les traits qui plus avant dans le sein l’atteignirent,
Ce fut quand du Sauveur il se vit regardé ;
Les yeux furent les arcs, les œillades les flèches
Qui percèrent son ame, et remplirent de brèches
Le rempart qu’il avoit si lâchement gardé.

Cet assaut, comparable à l’éclat d’une foudre,
Pousse et jette d’un coup ses défenses en poudre ;
Ne laissant rien chez lui que le même penser
D’un homme qui, tout nu de glaive et de courage,
Voit de ses ennemis la menace et la rage,
Qui le fer en la main le viennent offenser.

Ces beaux yeux souverains qui traversent la terre
Mieux que les yeux mortels ne traversent le verre,
Et qui n’ont rien de clos à leur juste courroux,
Entrent victorieux en son ame étonnée,
Comme dans une place au pillage donnée,
Et lui font recevoir plus de morts que de coups.

La mer a dans le sein moins de vagues courantes
Qu’il n’a dans le cerveau de formes différentes,
Et n’a rien toutefois qui le mette en repos ;
Car aux flots de la peur sa navire qui tremble
Ne trouve point de port, et toujours il lui semble
Que des yeux de son maître il entend ce propos :

Eh bien ! où maintenant est ce brave langage ?
Cette roche de foi ? cet acier de courage ?
Qu’est le feu de ton zèle au besoin devenu ?
Où sont tant de serments qui juroient une fable ?
Comme tu fus menteur, suis-je pas véritable ?
Et que t’ai-je promis qui ne soit avenu ?

Toutes les cruautés de ces mains qui m’attachent,
Le mépris effronté que ces bourreaux me crachent,
Les preuves que je fais de leur impiété,
Pleines également de fureur et d’ordure,
Ne me sont une pointe aux entrailles si dure,
Comme le souvenir de ta déloyauté.

Je sais bien qu’au danger les autres de ma suite
Ont eu peur de la mort et se sont mis en fuite ;
Mais toi, que plus que tous j’aimai parfaitement,
Pour rendre en me niant ton offense plus grande,
Tu suis mes ennemis, t’assembles à leur bande,
Et des maux qu’ils me font prends ton ébattement.

Le nombre est infini des paroles empreintes
Que regarde l’Apôtre en ces lumières saintes ;
Et celui seulement que sous une beauté
Les feux d’un œil humain ont rendu tributaire
Jugera sans mentir quel effet a pu faire
Des rayons immortels l’immortelle clarté.

Il est bien assuré que l’angoisse qu’il porte
Ne s’emprisonne pas sous les clefs d’une porte,
Et que de tous côtés elle suivra ses pas ;
Mais pour ce qu’il la voit dans les yeux de son maître,
Il se veut absenter, espérant que peut-être
Il la sentira moins en ne la voyant pas.

La place lui déplaît, où la troupe maudite
Son Seigneur attaché par outrages dépite ;
Et craint tant de tomber en un autre forfait,
Qu’il estime déja ses oreilles coupables
D’entendre ce qui sort de leurs bouches damnables,
Et ses yeux d’assister aux tourments qu’on lui fait.

Il part, et la douleur qui d’un morne silence
Entre les ennemis couvroit sa violence,
Comme il se voit dehors, a si peu de compas,
Qu’il demande tout haut que le sort favorable,
Lui fasse rencontrer un ami secourable,
Qui touché de pitié lui donne le trépas.

En ce piteux état il n’a rien de fidèle
Que sa main qui le guide où l’orage l’appelle ;
Ses pieds, comme ses yeux, ont perdu la vigueur ;
Il a de tout conseil son ame dépourvue,
Et dit, en soupirant, que la nuit de sa vue
Ne l’empêche pas tant que la nuit de son cœur.

Sa vie, auparavant si chèrement gardée,
Lui semble trop long-temps ici bas retardée ;
C’est elle qui le fâche et le fait consumer ;
Il la nomme parjure, il la nomme cruelle,
Et, toujours se plaignant que sa faute vient d’elle,
Il n’en veut faire compte et ne la peut aimer.

Va, laisse-moi, dit-il, va, déloyale vie ;
Si de te retenir autrefois j’eus l’envie,
Et si j’ai désiré que tu fusses chez moi,
Puisque tu m’as été si mauvaise compagne,
Ton infidèle foi maintenant je dédagne ;
Quitte-moi, je te quitte, et ne veux plus de toi.

Sont-ce tes beaux desseins, mensongère et méchante,
Qu’une seconde fois ta malice m’enchante,
Et que pour retarder une heure seulement
La nuit déja prochaine à ta courte journée,
Je demeure en danger que l’ame, qui est née
Pour ne mourir jamais, meure éternellement ?

Non, ne m’abuse plus d’une lâche pensée ;
Le coup encore frais de ma chute passée
Me doit avoir appris à me tenir debout,
Et savoir discerner de la trêve la guerre,
Des richesses du ciel les fanges de la terre,
Et d’un bien qui s’envole un qui n’a point de bout.

Si quelqu’un d’aventure en délices abonde,
Il se perd aussi tôt et déloge du monde ;
Qui te porte amitié, c’est à lui que tu nuis ;
Ceux qui te veulent mal sont ceux que tu conserves ;
Tu vas à qui te fuit, et toujours le réserves
À souffrir, en vivant, davantage d’ennuis.

On voit par ta rigueur tant de blondes jeunesses,
Tant de riches grandeurs, tant d’heureuses vieillesses,
En fuyant le trépas, au trépas arriver :
Et celui qui chétif aux misères succombe,
Sans vouloir autre bien que celui de la tombe,
N’ayant qu’un jour à vivre, il ne peut l’acheve !

Que d’hommes fortunés en leur âge première,
Trompés de l’inconstance à nos ans coutumière,
Du depuis se sont vus en étrange langueur ;
Qui fussent morts contents, si le ciel amiable,
Ne les abusant pas en ton sein variable,
Au temps de leur repos eût coupé ta longueur !

Quiconque de plaisir a son ame assouvie,
Plein d’honneur et de bien, non sujet à l’envie,
Sans jamais en son aise un malaise éprouver,
S’il demande à ses jours davantage de terme,
Que fait-il, ignorant, qu’attendre de pied ferme
De voir à son beau temps un orage arriver ?

Et moi, si de mes jours l’importune durée
Ne m’eût en vieillissant la cervelle empirée,
Ne devois-je être sage, et me ressouvenir
D’avoir vu la lumière aux aveugles rendue,
Rebailler aux muets la parole perdue,
Et faire dans les corps les ames revenir ?

De ces faits non communs la merveille profonde,
Qui par la main d’un seul étonnoit tout le monde,
Et tant d’autres encor, me devoient avertir
Que, si pour leur auteur j’endurois de l’outrage,
Le même qui les fit, en faisant davantage,
Quand on m’offenseroit me pouvoit garantir.

Mais, troublé par les ans, j’ai souffert que la crainte
Loin encore du mal, ait découvert ma feinte,
Et sortant promptement de mon sens et de moi,
Ne me suis aperçu qu’un destin favorable
M’offroit en ce danger un sujet honorable
D’acquérir par ma perte un triomphe à ma foi.

Que je porte d’envie à la troupe innocente
De ceux qui, massacrés d’une main violente,
Virent dès le matin leur beau jour accourci !
Le fer qui les tua leur donna cette grace,
Que si de faire bien ils n’eurent pas l’espace,
Ils n’eurent pas le temps de faire mal aussi.

De ces jeunes guerriers la flotte vagabonde
Alloit courre fortune aux orages du monde,
Et déjà pour voguer abandonnoit le bord,
Quand l’aguet d’un pirate arrêta leur voyage ;
Mais leur sort fut si bon que d’un même naufrage
Ils se virent sous l’onde et se virent au port.

Ce furent de beaux lis qui, mieux que la nature,
Mêlant à leur blancheur l’incarnate peinture
Que tira de leur sein le couteau criminel,
Devant que d’un hiver la tempête et l’orage
À leur teint délicat pussent faire dommage,
S’en allèrent fleurir au printemps éternel.

Ces enfants bienheureux (créatures parfaites,
Sans l’imperfection de leurs bouches muettes)
Ayant Dieu dans le cœur ne le purent louer,
Mais leur sang leur en fut un témoin véritable ;
Et moi, pouvant parler, j’ai parlé, misérable,
Pour lui faire vergogne et le désavouer.

Le peu qu’ils ont vécu leur fut grand avantage,
Et le trop que je vis ne me fait que dommage ;
Cruelle occasion du souci qui me nuit !
Quand j’avois de ma foi l’innocence première,
Si la nuit de la mort m’eût privé de lumière,
Je n’aurois pas la peur d’une éternelle nuit.

Ce fut en ce troupeau que, venant à la guerre
Pour combattre l’enfer et défendre la terre,
Le Sauveur inconnu sa grandeur abaissa ;
Par eux il commença la première mêlée ;
Et furent eux aussi que la rage aveuglée
Du contraire parti les premiers offensa.

Qui voudra se vanter avec eux se compare,
D’avoir reçu la mort par un glaive barbare,
Et d’être allé soi-même au martyre s’offrir ;
L’honneur leur appartient d’avoir ouvert la porte
À quiconque osera, d’une ame belle et forte,
Pour vivre dans le ciel en la terre mourir.

Ô désirable fin de leurs peines passées !
Leurs pieds, qui n’ont jamais les ordures pressées,
Un superbe plancher des étoiles se font ;
Leur salaire payé les services précède ;
Premier que d’avoir mal ils trouvent le remède,
Et devant le combat ont les palmes au front.

Que d’applaudissemens, de rumeur et de presse,
Que de feux, que de jeux, que de traits de caresse,
Quand là-haut en ce point on les vit arriver !
Et quel plaisir encore à leur courage tendre,
Voyant Dieu devant eux en ses bras les attendre,
Et pour leur faire honneur les Anges se lever9 !

Et vous femmes, trois fois, quatre fois bienheureuses,
De ces jeunes Amours les mères amoureuses,
Que faites-vous pour eux, si vous les regrettez ?
Vous fâchez leur repos, et vous rendez coupables,
Ou de n’estimer pas leurs trépas honorables,
Ou de porter envie à leurs félicités.

Le soir fut avancé de leurs belles journées ;
Mais qu’eussent-ils gagné par un siècle d’années ?
Ou que leur avint-il en ce vite départ,
Que laisser promptement une basse demeure,
Qui n’a rien que du mal, pour avoir de bonne heure
Aux plaisirs éternels une éternelle part ?

Si vos yeux pénétrant jusqu’aux choses futures
Vous pouvoient enseigner leurs belles aventures,
Vous auriez tant de bien en si peu de malheurs,
Que vous ne voudriez pas pour l’empire du monde
N’avoir eu dans le sein la racine féconde
D’où naquit entre nous ce miracle de fleurs.

Mais moi, puisque les lois me défendent l’outrage
Qu’entre tant de langueurs me commande la rage,
Et qu’il ne faut soi-même éteindre son flambeau ;
Que m’est-il demeuré pour conseil et pour armes,
Que d’écouler ma vie en un fleuve de larmes,
Et la chassant de moi l’envoyer au tombeau ?

Je sais bien que ma langue ayant commis l’offense,
Mon cœur incontinent en a fait pénitence.
Mais quoi ! Si peu de cas ne me rend satisfait.
Mon regret est si grand, et ma faute si grande,
Qu’une mer éternelle à mes yeux je demande
Pour pleurer à jamais le péché que j’ai fait.

Pendant que le chétif en ce point se lamente,
S’arrache les cheveux, se bat et se tourmente,
En tant d’extrémités cruellement réduit,
Il chemine toujours ; mais rêvant à sa peine,
Sans donner à ses pas une règle certaine,
Il erre vagabond où le pied le conduit.

À la fin égaré (car la nuit qui le trouble
Par les eaux de ses pleurs son ombrage redouble),
Soit un cas d’aventure, ou que Dieu l’ait permis,
Il arrive au jardin, où la bouche du traître,
Profanant d’un baiser la bouche de son maître,
Pour en priver les bons aux méchants l’a remis.

Comme un homme dolent, que le glaive contraire
A privé de son fils et du titre de père,
Plaignant deçà, delà, son malheur avenu,
S’il arrive en la place où s’est fait le dommage,
L’ennui renouvelé plus rudement l’outrage
En voyant le sujet à ses yeux revenu :

Le vieillard, qui n’attend une telle rencontre,
Sitôt qu’au dépourvu sa fortune lui montre
Le lieu qui fut témoin d’un si lâche méfait,
De nouvelles fureurs se déchire et s’entame,
Et de tous les pensers qui travaillent son ame
L’extrême cruauté plus cruelle se fait.

Toutefois il n’a rien qu’une tristesse peinte ;
Ses ennuis sont des jeux, son angoisse une feinte,
Son malheur un bonheur, et ses larmes un ris,
Au prix de ce qu’il sent, quand sa vue abaissée
Remarque les endroits où la terre pressée
A des pieds du Sauveur les vestiges écrits.

C’est alors que ses cris en tonnerres s’éclatent,
Ses soupirs se font vents, qui les chênes combattent,
Et ses pleurs, qui tantôt descendoient mollement,
Ressemblent un torrent qui, des hautes montagnes,
Ravageant et noyant les voisines campagnes,
Veut que tout l’univers ne soit qu’un élément.

Il y fiche ses yeux, il les baigne, il les baise,
Il se couche dessus, et seroit à son aise,
S’il pouvoit avec eux à jamais s’attacher.
Il demeure muet du respect qu’il leur porte :
Mais enfin la douleur, se rendant la plus forte,
Lui fait encore un coup une plainte arracher.

Pas adorés de moi quand par accoutumance
Je n’aurois, comme j’ai, de vous la connoissance,
Tant de perfections vous découvrent assez ;
Vous avez une odeur de parfums d’Assyrie ;
Les autres ne l’ont pas, et la terre flétrie
Est belle seulement où vous êtes passés.

Beaux pas de ces seuls pieds que les astres connoissent,
Comme ores à mes yeux vos marques apparoissent !
Telle autrefois de vous la merveille me prit,
Quand, déja demi-clos sous la vague profonde,
Vous ayant appelés, vous affermîtes l’onde,
Et m’assurant les pieds m’étonnâtes l’esprit.

Mais, ô de tant de biens indigne récompense !
Ô dessus les sablons inutile semence !
Une peur, ô Seigneur ! m’a séparé de toi ;
Et d’une ame semblable à la mienne parjure,
Tous ceux qui furent tiens, s’ils ne t’ont fait injure,
Ont laissé ta présence et t’ont manqué de foi.

De douze, deux fois cinq étonnés de courage,
Par une lâche fuite évitèrent l’orage,
Et tournèrent le dos quand tu fus assailli ;
L’autre qui fut gagné d’une sale avarice,
Fit un prix de ta vie à l’injuste supplice ;
Et l’autre, en te niant, plus que tous a failli.

C’est chose à mon esprit impossible à comprendre,
Et nul autre que toi ne me la peut apprendre,
Comme a pu ta bonté nos outrages souffrir.
Et qu’attend plus de nous ta longue patience,
Sinon qu’à l’homme ingrat la seule conscience
Doive être le couteau qui le fasse mourir ?

Toutefois tu sais tout, tu connois qui nous sommes,
Tu vois quelle inconstance accompagne les hommes,
Faciles à fléchir quand il faut endurer.
Si j’ai fait, comme un homme, en faisant une offense,
Tu feras, comme Dieu, d’en laisser la vengeance,
Et m’ôter un sujet de me désespérer.

Au moins, si les regrets de ma faute avenue
M’ont de ton amitié quelque part retenue,
Pendant que je me trouve au milieu de tes pas,
Désireux de l’honneur d’une si belle tombe,
Afin qu’en autre part ma dépouille ne tombe,
Puisque ma fin est près, ne la recule pas.

En ces propos mourants ses complaintes se meurent :
Mais vivantes sans fin ses angoisses demeurent,
Pour le faire en langueur à jamais consumer.
Tandis la nuit s’en va, ses lumières s’éteignent,
Et déjà devant lui les campagnes se peignent
Du safran que le jour apporte de la mer.

L’aurore d’une main, en sortant de ses portes,
Tient un vase de fleurs languissantes et mortes,
Elle verse de l’autre une cruche de pleurs ;
Et d’un voile tissu de vapeur et d’orage
Couvrant ses cheveux d’or, découvre en son visage
Tout ce qu’une ame sent de cruelles douleurs.

Le soleil, qui dédaigne une telle carrière,
Puisqu’il faut qu’il déloge, éloigne sa barrière ;
Mais comme un criminel qui chemine au trépas,
Montrant que dans le cœur ce voyage le fâche,
Il marche lentement, et désire qu’on sache
Que, si ce n’étoit force, il ne le feroit pas.

Ses yeux par un dépit en ce monde regardent,
Ses chevaux tantôt vont, et tantôt se retardent,
Eux-mêmes ignorants de la course qu’ils font ;
Sa lumière pâlit, sa couronne se cache ;
Aussi ne veut-il pas, cependant qu’on attache
À celui qui l’a fait des épines au front.

Au point accoutumé les oiseaux qui sommeillent,
Apprêtés à chanter dans les bois se réveillent ;
Mais voyant ce matin des autres différent,
Remplis d’étonnement ils ne daignent paroître,
Et font à qui les voit ouvertement connoître
De leur peine secrète un regret apparent.

Le jour est déjà grand, et la honte plus claire
De l’Apôtre ennuyé l’avertit de se taire,
Sa parole se lasse, et le quitte au besoin ;
Il voit de tous côtés qu’il n’est vu de personne ;
Toutefois le remords que son ame lui donne,
Témoigne assez le mal qui n’a point de témoin.

Aussi l’homme qui porte une ame belle et haute,
Quand seul en une part il a fait une faute,
S’il n’a de jugement son esprit dépourvu,
Il rougit de lui-même ; et, combien qu’il ne sente
Rien que le ciel présent et la terre présente,
Pense qu’en se voyant tout le monde l’a vu.

Beau ciel par qui mes jours sont troubles (entre 1591 et 1592)

Il s’agit de stances pour le duc le duc de Montpensier, qui demande Catherine, princesse de Navarre et sœur du roi Henri IV, en mariage .

Beau ciel, par qui mes jours sont troubles ou sont calmes,
Seule terre où je prends mes cyprès et mes palmes,
Catherine, dont l’œil ne luit que pour les dieux
Punissez vos beautés plutôt que mon courage,
Si, trop haut s’élevant, il adore un visage
Adorable par force à quiconque a des yeux.

Je ne suis pas ensemble aveugle et téméraire,

Je connais bien l’erreur que l’amour m’a fait faire,
Cela seul ici-bas surpassait mon effort ;
Mais mon âme qu’à vous ne peut être asservie,
Les Destins n’ayant point établi pour ma vie
Hors de cet océan de naufrage et de port.

Beauté par qui les dieux, las de notre dommage,
Ont voulu réparer les défauts de notre âge,
Je mourrai dans vos feux, éteignez-les ou non,
Comme le fils d’Alcmène, en me brûlant moi-même ;
Il suffit qu’en mourant dans cette flamme extrême
Une gloire éternelle accompagne mon nom.

On ne doit point, sans sceptre, aspirer où j’aspire ;
C’est pourquoi, sans quitter les lois de votre empire,
Je veux de mon esprit tout espoir rejeter.
Qui cesse d’espérer, il cesse aussi de craindre ;
Et, sans atteindre au but où l’on ne peut atteindre,
Ce m’est assez d’honneur que j’y voulais monter.

Je maudis le bonheur où le ciel m’a fait naître,
Qui m’a fait désirer ce qu’il m’a fait connaître :
Il faut ou vous aimer, ou ne vous faut point voir.
L’astre qui luit aux grands, en vain à ma naissance
Épandit dessus moi tant d’heur et de puissance,
Si pour ce que je veux j’ai trop peu de pouvoir.

Mais il le faut vouloir, et vaut mieux se résoudre,
En aspirant au ciel, être frappé de foudre,
Qu’aux desseins de la terre assuré se ranger.
J’ai moins de repentir, plus je pense à ma faute,
Et la beauté des fruits d’une palme si haute
Me fait par le plaisir oublier le danger.

Ode Au Roi Henri Le Grand (1596)

Cette ode est écrite à l’intention du duc Henri de Guise, gouverneur de Province et chef de la très fanatique Ligue catholique d’un puissant clan aristocratique. Devenu populaire pendant les guerres de religion, en étant à l’avant-garde des défenseur de la foi catholique, il ambitionne de gouverner la France et se positionne donc comme un rival d’Henri III qui le fait assassiner lors des Etats Généraux de Blois.

Enfin, après tant d’années,

Voici l’heureuse saison,
Où nos misères bornées
Vont avoir leur guérison.
Les dieux, longs à se résoudre,
Ont fait un coup de leur foudre,
Qui montre aux ambitieux
Que les fureurs de la terre
Ne sont que paille et que verre
À la colère des cieux.

Peuples, à qui la tempête
A fait faire tant de vœux,
Quelles fleurs à cette fête
Couronneront vos cheveux ?
Quelle victime assez grande
Donnerez-vous pour offrande ?
Et quel Indique séjour
Une perle fera naître
D’assez de lustre pour être
La marque d’un si beau jour ?

Cet effroyable colosse,
Cazaux, l’appui des mutins,
A mis le pied dans la fosse
Que lui cavaient les destins.
Il est bas, le parricide :
Un Alcide, fils d’Alcide,
À qui la France a prêté
Son invincible génie,
A coupé sa tyrannie
D’un glaive de liberté.

Les aventures du monde
Vont d’un ordre mutuel,
Comme on voit au bord de l’onde
Un reflux perpétuel.
L’aise et l’ennui de la vie
Ont leur course entresuivie
Aussi naturellement
Que le chaud et la froidure ;
Et rien, afin que tout dure,
Ne dure éternellement.

Cinq ans Marseille, volée
À son juste possesseur,
Avait langui désolée
Aux mains de cet oppresseur.
Enfin le temps l’a remise
En sa première franchise ;
Et les maux qu’elle endurait
Ont eu ce bien pour échange,
Qu’elle a vu parmi la fange
Fouler ce qu’elle adorait.

Déjà tout le peuple more
À ce miracle entendu ;
À l’un et l’autre Bosphore
Le bruit en est répandu ;
Toutes les plaines le savent,
Que l’Inde et l’Euphrate lavent ;
Et déjà, pâle d’effroi,
Memphis se pense captive,
Voyant si près de sa rive
Un neveu de Godefroi.

Consolation à M. Du Périer (1599)

Stances écrites pour consoler son ami Du Périer suite à la mort de sa fille Marguerite en 1598 à l’âge de 5 ans. En réalité ces vers sont une réécriture modifiée et adaptée de la Consolation à Cléophon, écrits par l’auteur en 1592 lors de son long séjour en Normandie à l’occasion de la mort de sa fille Rosette.

Ta douleur, Du Perrier, sera donc éternelle ?

Et les tristes discours
Que te met en l’esprit l’amitié paternelle
L’augmenteront toujours ?

Le malheur de ta fille au tombeau descendue
Par un commun trépas,
Est-ce quelque dédale où ta raison perdue
Ne se retrouve pas ?

Je sais de quels appas son enfance était pleine,
Et n’ai pas entrepris,
Injurieux ami, de soulager ta peine
Avecque son mépris.

Mais elle était du monde, où les plus belles choses
Ont le pire destin ;
Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,
L’espace d’un matin.

Puis quand ainsi serait que, selon ta prière,
Elle aurait obtenu
D’avoir en cheveux blancs terminé sa carrière,
Qu’en fût-il avenu ?

Penses-tu que plus vieille en la maison céleste
Elle eût eu plus d’accueil,
Ou qu’elle eût moins senti la poussière funeste
Et les vers du cercueil ?

Non, non, mon Du Perrier ; aussitôt que la Parque
Ôte l’âme du corps,
L’âge s’évanouit au-deçà de la barque,
Et ne suit point les morts.

Tithon n’a plus les ans qui le firent cigale ;
Et Pluton aujourd’hui,
Sans égard du passé, les mérites égale
D’Archemore et de lui.

Ne te lasse donc plus d’inutiles complaintes :
Mais, sage à l’avenir,
Aime une ombre comme ombre, et des cendres éteintes
Eteins le souvenir.

C’est bien, je le confesse, une juste coutume
Que le cœur affligé,
Par le canal des yeux vidant son amertume,
Cherche d’être allégé.

Même quand il advient que la tombe sépare
Ce que nature a joint,
Celui qui ne s’émeut a l’âme d’un barbare,
Ou n’en a du tout point.

Mais d’être inconsolable et dedans sa mémoire
Enfermer un ennui,
N’est-ce pas se haïr pour acquérir la gloire
De bien aimer autrui ?

Priam, qui vit ses fils abattus par Achille,
Dénué de support
Et hors de tout espoir du salut de sa ville,
Reçut du réconfort.

François, quand la Castille, inégale à ses armes,
Lui vola son Dauphin,
Sembla d’un si grand coup devoir jeter des larmes
Qui n’eussent point de fin.

Il les sécha pourtant, et, comme un autre Alcide,
Contre fortune instruit,
Fit qu’à ses ennemis d’un acte si perfide
La honte fut le fruit.

Leur camp, qui la Durance avait presque tarie
De bataillons épais,
Entendant sa constance, eut peur de sa furie,
Et demanda la paix.

De moi déjà deux fois d’une pareille foudre
Je me suis vu perclus ;
Et deux fois la raison m’a si bien fait résoudre,
Qu’il ne m’en souvient plus.

Non qu’il ne me soit grief que la terre possède
Ce qui me fut si cher ;
Mais en un accident qui n’a point de remède
Il n’en faut point chercher.

La Mort a des rigueurs à nulle autre pareilles :
On a beau la prier ;
La cruelle qu’elle est se bouche les oreilles,
Et nous laisse crier.

Le pauvre en sa cabane, où le chaume le couvre,
Est sujet à ses lois ;
Et la garde qui veille aux barrières du Louvre
N’en défend point nos rois.

De murmurer contre elle et perdre patience
Il est mal à propos ;
Vouloir ce que Dieu veut est la seule science
Qui nous met en repos.

Ode À la Reine Marie de Médicis (1600)

Ces vers sont dédiés à Marie de Médicis. En route pour Paris pour se marier (mars 1600) et partager le trône du roi Henri IV (1600 à 1610), ils lui sont présentés par l’auteur à Aix.

Marie de Médicis est née à Florence de François 1er de Médicis, grand-duc de Toscane, est de Jeanne d’Autriche, archiduchesse d’Autriche. Elle est également la nièce de l’empereur romain germanique Ferdinand 1er.

Peuples, qu’on mette sur la tête
Tout ce que la terre a de fleurs ;
Peuples, que cette belle fête
À jamais tarisse nos pleurs :
Qu’aux deux bouts du monde se voit
Luire le feu de notre joie ;
Et soient dans les coupes noyés
Les soucis de tous ces orages
Que pour nos rebelles courages
Les Dieux nous avaient envoyés.

À ce coup iront en fumée
Les vœux que faisaient nos mutins
En leur âme encore affamée
De massacres et de butins.
Nos doutes seront éclaircis ;
Et mentiront les prophéties
De tous ces visages pâlis
Dont le vain étude s’applique
À chercher l’an climactérique
De l’éternelle fleur de lis.

Aujourd’hui nous est amenée
Cette princesse que la foi
D’amour ensemble et d’hyménée
Destine au lit de notre roi.
La voici, la belle Marie,
Belle merveille d’Hétrurie,
Qui fait confesser au Soleil,
Quoi que l’âge passé raconte,
Que du ciel, depuis qu’il y monte,
Ne vint jamais rien de pareil.

Telle n’est point la Cythérée,
Quand, d’un nouveau feu s’allumant,
Elle sort pompeuse et parée
Pour la conquête d’un amant :
Telle ne luit en sa carrière
Des mois l’inégale courrière :
Et telle dessus l’horizon
L’Aurore au matin ne s’étale,
Quand les yeux mêmes de Céphale
En feraient la comparaison.

L’antique sceptre de sa race,
Où l’heure aux mérites est joint,
Lui met le respect en la face ;
Mais il ne l’enorgueillit point.
Nulle vanité ne la touche ;
Les grâces parlent par sa bouche ;
Et son front, témoin assuré
Qu’au vice elle est inaccessible,
Ne peut que d’un cœur insensible
Etre vu sans être adoré.

Quantesfois, lorsque sur les ondes
Ce nouveau miracle flottait,
Neptune en ses caves profondes
Plaignit-il le feu qu’il sentait !
Et quantesfois en sa pensée
De vives atteintes blessée,
Sans l’honneur de la royauté
Qui lui fit celer son martyre,
Eût-il voulu de son empire
Faire échange à cette beauté !

Dix jours, ne pouvant se distraire
Du plaisir de la regarder,
Il a par un effort contraire
Essayé de la retarder.
Mais à la fin, soit que l’audace
Au meilleur avis ait fait place,
Soit qu’un autre démon plus fort
Aux vents ait imposé silence,
Elle est hors de sa violence,
Et la voici dans notre port.

La voici, peuples, qui nous montre
Tout ce que la gloire a de prix ;
Les fleurs naissent à sa rencontre
Dans les cœurs et dans les esprits :
Et la présence des merveilles
Qu’en oyaient dire nos oreilles
Accuse la témérité
De ceux qui nous l’avaient décrite
D’avoir figuré son mérite
Moindre que n’est la vérité.

Ô toute parfaite princesse,
L’étonnement de l’univers,
Astre par qui vont avoir cesse
Nos ténèbres et nos hivers,
Exemple sans autres exemples,
Future image de nos temples !
Quoi que notre faible pouvoir
En votre accueil ose entreprendre,
Peut-il espérer de vous rendre
Ce que nous vous allons devoir ?

Ce sera vous qui de nos villes
Ferez la beauté refleurir,
Vous, qui de nos haines civiles
Ferez la racine mourir ;
Et par vous la paix assurée
N’aura pas la courte durée
Qu’espèrent infidèlement,
Non lassés de notre souffrance,
Ces Français qui n’ont de la France
Que la langue et l’habillement.

Par vous un Dauphin nous va naître,
Que vous-même verrez un jour
De la terre entière le maître,
Ou par armes, ou par amour ;
Et ne tarderont ses conquêtes,
Dans les oracles déjà prêtes,
Qu’autant que le premier coton
Qui de jeunesse est le message
Tardera d’être en son visage
Et de faire ombre à son menton.

Oh ! combien lors aura de veuves
La gente qui porte le turban !
Que de sang rougira les fleuves
Qui lavent les pieds du Liban !
Que le Bosphore en ses deux rives
Aura de sultanes captives !
Et que de mères à Memphis,
En pleurant, diront la vaillance
De son courage et de sa lance,
Aux funérailles de leurs fils !

Cependant notre grand Alcide,
Amolli par vos doux appas,
Perdra la fureur qui, sans bride,
L’emporte à chercher le trépas :
Et cette valeur indomptée
De qui l’honneur est l’Eurysthée,
Puisque rien n’a su l’obliger
À ne nous donner plus d’alarmes,
Au moins pour épargner vos larmes,
Aura peur de nous affliger.

Si l’espoir qu’aux bouches des hommes
Nos beaux faits seront récités
Est l’aiguillon par qui nous sommes
Dans les hasards précipités ;
Lui, de qui la gloire semée
Par les voix de la Renommée
En tant de parts s’est fait ouïr
Que tout le siècle en est un livre,
N’est-il pas indigne de vivre,
S’il ne vit pour se réjouir ?

Qu’il lui suffise que l’Espagne,
Réduite par tant de combats
À ne l’oser voir en campagne,
A mis l’ire et les armes bas :
Qu’il ne provoque point l’envie
Du mauvais sort contre sa vie ;
Et puisque, selon son dessein,
Il a rendu nos troubles calmes,
S’il veut davantage de palmes,
Qu’il les acquière en votre sein.

C’est là qu’il faut qu’à son génie,
Seul arbitre de ses plaisirs,
Quoi qu’il demande, il ne dénie
Rien qu’imaginent ses désirs :
C’est là qu’il faut que les années
Lui coulent comme des journées,
Et qu’il ait de quoi se vanter
Que la douceur qui tout excède
N’est point ce que sert Ganymede
À la table de Jupiter.

Mais d’aller plus à ces batailles
Où tonnent les foudres d’enfer,
Et lutter contre des murailles
D’où pleuvent la flamme et le fer ;
Puisqu’il sait qu’en ses destinées
Les nôtres seront terminées,
Et qu’après lui notre discorde
N’aura plus qui dompte sa rage,
N’est-ce pas nous rendre au naufrage,
Après nous avoir mis à bord ?

Cet Achille de qui la pique
Faisait aux braves d’Ilion
La terreur que fait en Afrique
Aux troupeaux l’assaut d’un lion,
Bien que sa mère eût à ses armes
Ajouté la force des charmes,
Quand les destins l’eurent permis
N’eut-il pas sa trame coupée
De la moins redoutable épée
Qui fût parmi ses ennemis ?

Les Parques d’une même soie
Ne dévident pas tous nos jours ;
Ni toujours par semblable voie
Ne font les planètes leur cours.
Quoi que promette la Fortune,
À la fin, quand on l’importune,
Ce qu’elle avait fait prospérer
Tombe du faite au précipice ;
Et, pour l’avoir toujours propice,
Il la faut toujours révérer.

Je sais bien que sa Carmagnole
Devant lui se représentant,
Telle qu’une plaintive idole,
Va son courroux sollicitant,
Et l’invite à prendre pour elle
Une légitime querelle :
Mais doit-il vouloir que pour lui
Nous ayons toujours le teint blême,
Cependant qu’il tente lui-même
Ce qu’il peut faire par autrui ?

Si vos yeux sont toute sa braise,
Et vous la fin de tous ses vœux,
Peut-il pas languir à son aise
En la prison de vos cheveux,
Et commettre aux dures corvées
Toutes ces âmes relevées
Que, d’un conseil ambitieux,
La faim de gloire persuade
D’aller, sur les pas d’Encelade,
Porter des échelles aux cieux ?

Apollon n’a point de mystère,
Et sont profanes ses chansons,
Ou, devant que le Sagittaire
Deux fois ramène les glaçons,
Le succès de leurs entreprises,
De qui deux provinces conquises
Ont déjà fait preuve, à leur dam,
Favorisé de la victoire,
Changera la fable en histoire
De Phaéton en l’Eridan.

Nice, payant avecque honte
Un siège autrefois repoussé,
Cessera de nous mettre en compte
Barberousse qu’elle a chassé ;
Guise en ses murailles forcées
Remettra les bornes passées
Qu’avait notre empire marin ;
Et Soissons, fatal aux superbes,
Fera chercher parmi les herbes
En quelle place fut Turin.

Paraphrase du psaume VIII (1604)

Oeuvre d’inspiration religieuse (l’auteur en compte quatre dans l’ensemble de son oeuvre) , elle n’est probablement pas un acte de dévotion de l’auteur. Malherbe, en tant réformateur, inclut le lyrisme religieux pour donner également un modèle du genre.

Ô Sagesse éternelle, à qui cet univers
Doit le nombre infini des miracles divers
Qu’on voit également sur la terre et sur l’onde !
Mon Dieu, mon Créateur,
Que ta magnificence étonne tout le monde !
Et que le ciel est bas au prix de ta hauteur !

Quelques blasphémateurs, oppresseurs d’innocents,
À qui l’excès d’orgueil a fait perdre le sens,
De profanes discours ta puissance rabaissent :
Mais la naïveté
Dont mêmes au berceau les enfants te confessent
Clôt-elle pas la bouche à leur impiété ?

De moi, toutes les fois que j’arrête les yeux
À voir les ornements dont tu pares les cieux,
Tu me sembles si grand, et nous si peu de chose,
Que mon entendement
Ne peut s’imaginer quelle amour te dispose
À nous favoriser d’un regard seulement.

Il n’est faiblesse égale à nos infirmités ;
Nos plus sages discours ne sont que vanités,
Et nos sens corrompus n’ont goût qu’à des ordures ;
Toutefois, ô bon Dieu,
Nous te sommes si chers, qu’entre tes créatures,
Si l’ange a le premier, l’homme a le second lieu.

Quelles marques d’honneur se peuvent ajouter
À ce comble de gloire où tu l’as fait monter ?
Et, pour obtenir mieux, quel souhait peut-il faire,
Lui que, jusqu’au Ponent,
Depuis où le soleil vient dessus l’hémisphère,
Ton absolu pouvoir a fait son lieutenant ?

Sitôt que le besoin excite son désir,
Qu’est-ce qu’en ta largesse il ne trouve à choisir ?
Et, par ton règlement, l’air, la mer, et la terre,
N’entretiennent-ils pas
Une secrète loi de se faire la guerre
À qui de plus de mets fournira ses repas ?

Certes je ne puis faire, en ce ravissement,
Que rappeler mon âme, et dire bassement :
Ô Sagesse éternelle, en merveilles féconde !
Mon Dieu, mon Créateur,
Que ta magnificence étonne tout le inonde !
Et que le ciel est bas au prix de ta hauteur !

Prière pour le Roi Henri le Grand (1605)

(Pour le roi allant en Limousin).

Bien que les guerres de religion soit terminé le calme reste précaire. le roi Henri IV décide d’intervenir en Limousin pour continuer sa pacification. Alors que le souverain prépare son expédition en 1605, Malherbe qui redoute des affrontements meurtriers,  décide d’écrire cette ode. C’est une prière qu’il adresse à Dieu pour aider et protéger le roi, dans son oeuvre de pacification du royaume.

Ô Dieu, dont les bontés, de nos larmes touchées,
Ont aux vaines fureurs les armes arrachées,
Et rangé l’insolence aux pieds de la raison ;
Puisqu’à rien d’imparfait ta louange n’aspire,
Achève ton ouvrage au bien de cet empire,
Et nous rends l’embonpoint comme la guérison !

Nous sommes sous un roi si vaillant et si sage,
Et qui si dignement a fait l’apprentissage
De toutes les vertus propres à commander,
Qu’il semble que cet heur nous impose silence,
Et qu’assurés par lui de toute violence
Nous n’avons plus sujet de te rien demander.

Certes quiconque a vu pleuvoir dessus nos têtes
Les funestes éclats des plus grandes tempêtes
Qu’excitèrent jamais deux contraires partis,
Et n’en voit aujourd’hui nulle marque paraître,
En ce miracle seul il peut assez connaître
Quelle force a la main qui nous a garantis.

Mais quoi ! de quelque soin qu’incessamment il veille,
Quelque gloire qu’il ait à nulle autre pareille,
Et quelque excès d’amour qu’il porte à notre bien,
Comme échapperons-nous en des nuits si profondes,
Parmi tant de rochers qui lui cachent les ondes,
Si ton entendement ne gouverne le sien ?

Un malheur inconnu glisse parmi les hommes,
Qui les rend ennemis du repos où nous sommes :
La plupart de leurs vœux tendent au changement ;
Et, comme s’ils vivaient des misères publiques,
Pour les renouveler ils font tant de pratiques,
Que qui n’a point de peur n’a point de jugement.

En ce fâcheux état ce qui nous réconforte,
C’est que la bonne cause est toujours la plus forte,
Et qu’un bras si puissant t’ayant pour son appui,
Quand la rébellion, plus qu’une hydre féconde,
Aurait pour le combattre assemblé tout le monde,
Tout le monde assemblé s’enfuirait devant lui.

Conforme donc, Seigneur, ta grâce à nos pensées :
Ôte-nous ces objets qui des choses passées
Ramènent à nos yeux le triste souvenir ;
Et comme sa valeur, maîtresse de l’orage,
À nous donner la paix a montré son courage,
Fais luire sa prudence à nous l’entretenir.

Il n’a point son espoir au nombre des armées,
Étant bien assuré que ces vaines fumées
N’ajoutent que de l’ombre à nos obscurités.
L’aide qu’il veut avoir, c’est que tu le conseilles ;
Si tu le fais, Seigneur, il fera des merveilles,
Et vaincra nos souhaits par nos prospérités.

Les fuites des méchants, tant soient-elles secrètes,
Quand il les poursuivra n’auront point de cachettes ;
Aux lieux les plus profonds ils seront éclairés :
II verra sans effet leur honte se produire,
Et rendra les desseins qu’ils feront pour lui nuire
Aussitôt confondus comme délibérés.

La rigueur de ses lois, après tant de licence,
Redonnera le cœur à la faible innocence
Que dedans la misère on faisait envieillir.
À ceux qui l’oppressaient il ôtera l’audace ;
Et, sans distinction de richesse ou de race,
Tous de peur de la peine auront peur de faillir.

La terreur de son nom rendra nos villes fortes ;
On n’en gardera plus ni les murs ni les portes ;
Les veilles cesseront au sommet de nos tours ;
Le fer, mieux employé, cultivera la terre ;
Et le peuple, qui tremble aux frayeurs de la guerre,
Si ce n’est pour danser n’aura plus de tambours.

Loin des mœurs de son siècle il bannira les vices,
L’oisive nonchalance et les molles délices,
Qui nous avaient portés jusqu’aux derniers hasards ;
Les vertus reviendront de palmes couronnées,
Et ses justes faveurs aux mérites données
Feront ressusciter l’excellence des arts.

La foi de ses aïeux, ton amour et ta crainte,
Dont il porte dans l’âme une éternelle empreinte,
D’actes de piété ne pourront l’assouvir ;
II étendra ta gloire autant que sa puissance,
Et, n’ayant rien si cher que ton obéissance,
Où tu le fais régner il te fera servir.

Tu nous rendras alors nos douces destinées ;
Nous ne reverrons plus ces fâcheuses années
Qui pour les plus heureux n’ont produit que des pleurs.
Toute sorte de biens comblera nos familles,
La moisson de nos champs lassera les faucilles,
Et les fruits passeront la promesse des fleurs.

La fin de tant d’ennuis dont nous fûmes la proie
Nous ravira les sens de merveille et de joie ;
Et, d’autant que le monde est ainsi composé
Qu’une bonne fortune en craint une mauvaise,
Ton pouvoir absolu, pour conserver notre aise,
Conservera celui qui nous l’aura causé.

Quand un roi fainéant, la vergogne des princes,
Laissant à ses flatteurs le soin de ses provinces,
Entre les voluptés indignement s’endort,
Quoique l’on dissimule on en fait peu d’estime ;
Et, si la vérité se peut dire sans crime,
C’est avecque plaisir qu’on survit à sa mort.

Mais ce roi, des bons rois l’éternel exemplaire
Qui de notre salut est l’ange tutélaire,
L’infaillible refuge et l’assuré secours,
Son extrême douceur ayant dompté l’envie,
De quels jours assez longs peut-il borner sa vie,
Que notre affection ne les juge trop courts ?

Nous voyons les esprits nés à la tyrannie,
Ennuyés de couver leur cruelle manie,
Tourner tous leurs conseils à notre affliction ;
Et lisons clairement dedans leur conscience
Que, s’ils tiennent la bride à leur impatience,
Nous n’en sommes tenus qu’à sa protection.

Qu’il vive donc, Seigneur, et qu’il nous fasse vivre !
Que de toutes ces peurs nos âmes il délivre,
Et, rendant l’univers de son heur étonné,
Ajoute chaque jour quelque nouvelle marque
Au nom qu’il s’est acquis du plus rare monarque
Que ta bonté propice ait jamais couronné !

Cependant son Dauphin d’une vitesse prompte
Des ans de sa jeunesse accomplira le compte ;
Et, suivant de l’honneur les aimables appas,
De faits si renommés ourdira son histoire,
Que ceux qui dedans l’ombre éternellement noire
Ignorent le soleil ne l’ignoreront pas.

Par sa fatale main qui vengera nos pertes
L’Espagne pleurera ses provinces désertes,
Ses châteaux abattus et ses camps déconfits ;
Et si de nos discordes l’infâme vitupère
A pu la dérober aux victoires du père,
Nous la verrons captive aux triomphes du fils.

Beauté de qui la grâce…(1608)

(À la vicomtesse d’Auchy.)

Ce poème fait partie d’une série écrite pour la vicomtesse d’Auchy, maîtresse de l’auteur. A  partir de mars ou avril 1607, Malherbe l’appelle Caliste (Calyxte).

Beauté de qui la grâce étonne la nature,
Il faut donc que je cède à l’injure du sort,
Que je vous abandonne, et loin de votre port
M’en aille au gré du vent suivre mon aventure.

Il n’est ennui si grand que celui que j’endure :
Et la seule raison qui m’empêche la mort,
C’est le doute que j’ai que ce dernier effort
Ne fût mal employé pour une âme si dure.

Caliste, où pensez-vous ? qu’avez-vous entrepris ?
Vous résoudrez-vous point à borner ce mépris,
Qui de ma patience indignement se joue ?

Mais, ô de mon erreur l’étrange nouveauté,
Je vous souhaite douce, et toutefois j’avoue

Que je dois mon salut à votre cruauté.

Ils s’en vont ces rois de ma vie (1608).

(Sur le départ de la vicomtesse d’Auchy).

La vicomtesse tenait un genre de salon littéraire, rival de celui de la marquise de Rambouillet, dominés par la présence féminine. Deux salons fréquentés par Malherbe, qui ont joué un certain rôle dans le renouvellement de la langue française. L’une des obligations était de composer ou de lire à haute voix.

Ils s’en vont ces rois de ma vie, 
Ces yeux, ces beaux yeux, 
Dont l’éclat fait pâlir d’envie 
Ceux mêmes des cieux. 
Dieux, amis de l’innocence, 
Qu’ai-je fait pour mériter 
Les ennuis où cette absence 
Me va précipiter ?

Elle s’en va cette merveille 
Pour qui nuit et jour, 
Quoi que la raison me conseille, 
Je brûle d’amour. 
Dieux, amis de l’innocence, 
Qu’ai-je fait pour mériter 
Les ennuis où cette absence 
Me va précipiter ?

En quel effroi de solitude 
Assez écarté 
Mettrai-je mon inquiétude 
En sa liberté ? 
Dieux, amis de l’innocence, 
Qu’ai-je fait pour mériter 
Les ennuis où cette absence 
Me va précipiter ?

Les affligés ont en leur peine 
Recours à pleurer : 
Mais quand mes yeux seraient fontaines, 
Que puis-je espérer ? 
Dieux, amis de l’innocence, 
Qu’ai-je fait pour mériter 
Les ennuis où cette absence 
Me va précipiter ?

C’est fait belle Caliste (1608).

(À la vicomtesse d’Auchy.)

C’est fait, belle Caliste, il n’y faut plus penser :
Il se faut affranchir des lois de votre empire ;
Leur rigueur me dégoûte, et fait que je soupire
Que ce qui s’est passé n’est à recommencer.

Plus en vous adorant je me pense avancer,
Plus votre cruauté, qui toujours devient pire,
Me défend d’arriver au bonheur où j’aspire,
Comme si vous servir était vous offenser :

Adieu donc, ô beauté, des beautés la merveille
Il faut qu’à l’avenir la raison me conseille,
Et dispose mon âme à se laisser guérir.

Vous m’étiez un trésor aussi cher que la vie :
Mais puisque votre amour ne se peut acquérir,
Comme j’en perds l’espoir, j’en veux perdre l’envie.

À monseigneur le Dauphin, depuis roi Louis XIII (1609).

Poème classique de Malherbe il est destiné à Louis XIII, premier fils d’Henri IV et de Marie de Médicis donc dauphin de France, avant même son accession au trône. Surnommé « Louis le juste » il régnera de 1610 à 1643.

Que l’honneur de mon prince est cheraux destinées !

Que le démon est grand qui lui sert de support !
Et que visiblement un favorable sort
Tient ses prospérités l’une à l’autre enchaînées !

Ses filles sont encore en leurs tendres années,
Et déjà leurs appas ont un charme si fort,
Que les rois les plus grands du ponant et du nord
Brûlent d’impatience après leurs hyménées.

Pensez à vous, Dauphin ; j’ai prédit en mes vers
Que le plus grand orgueil de tout cet univers
Quelque jour à vos pieds doit abaisser la tête.

Mais ne vous flattez point de ces vaines douceurs :
Si vous ne vous hâtez d’en faire la conquête,
Vous en serez frustré par les yeux de vos sœurs.

Stances (ou Vers funèbres) sur la mort de Henri le Grand (1610)

(De la part du duc de Bellegarde)

Ecrit par Malherbe à la demande donc du duc de Bellegarde, grand favori des rois Henri III et Henri IV. Roger de Bellegarde était grand écuyer de France sous le règne du premier et gouverneur de Bourgogne sous celui du second.

Enfin l’ire du ciel et sa fatale envie,
Dont j’avais repoussé tant d’injustes efforts,
Ont détruit ma fortune, et, sans m’ôter la vie,
M’ont mis entre les morts.

Henri, ce grand Henri, que les soins de nature
Avaient fait un miracle aux yeux de l’univers
Comme un homme vulgaire est dans la sépulture
A la merci des vers !

Belle âme, beau patron des célestes ouvrages,
Qui fus de mon espoir l’infaillible recours,
Quelle nuit fut pareille aux funestes ombrages
Où tu laisses mes jours !

C’est bien à tout le monde une commune plaie,
Et le malheur que j’ai, chacun l’estime sien ;
Mais en quel autre coeur est la douleur si vraie
Comme elle est dans le mien ?…

A la reine mère du roi pendant sa régence (fin 1610)

A la mort du roi, Louis XIII qui n’a que huit ans ne peut assumer les responsabilités d’un roi. Marie de Médicis la reine mère, assure alors la Régence au nom de son fils jusqu’en 1617.

Cette ode élogieuse qui fut très appréciée par Marie de Medicis; valut à l’auteur une pension de 1500 livres.

Objet divin des âmes et des yeux,
Reine, le chef-d’oeuvre des cieux :
Quels doctes vers me feront avouer
Digne de te louer ?

Les monts fameux des vierges, que je sers
Ont-ils des fleurs en leurs déserts,
Qui s’efforçant d’embellir ta couleur,
Ne ternissent la leur ?

Le Thermodon a su seoir autrefois,
Des reines au trône des rois :
Mais que vit-il par qui soit débattu
Le prix à ta vertu ?

Certes nos lis, quoique bien cultivés,
Ne s’étaient jamais élevés
Au point heureux où les destins amis
Sous ta main les ont mis.

A leur odeur l’Anglais se relâchant,
Notre amitié va recherchant :
Et l’Espagnol, prodige merveilleux,
Cesse d’être orgueilleux.

De tous côtés nous regorgeons de biens :
Et qui voit l’aise où tu nous tiens,
De ce vieux siècle aux fables récité
Voit la félicité.

Quelque discord murmurant bassement
Nous fit peur au commencement :
Mais sans effet presque il s’évanouit,
Plutôt qu’on ne l’ouït.

Tu menaças l’orage paraissant :
Et tout soudain obéissant,
Il disparut comme flots courroucés,
Que Neptune a tancés.

Que puisses-tu, grand Soleil de nos jours,
Faire sans fin le même cours :
Le soin du Ciel te gardant aussi bien,
Que nous garde le tien.

Puisses-tu voir sous le bras de ton fils
Trébucher les murs de Memphis :
Et de Marseille au rivage de Tyr
Son empire aboutir.

Les voeux sont grands : mais avecque raison
Que ne peut l’ardente oraison :
Et sans flatter ne sers-tu pas les dieux,
Assez pour avoir mieux ?

À la Reine Marie de Médicis (II) (1611)

(Sur la mort de Mgr. le duc d’Orléans, son second fils.)

Ces vers ont été écrits par Malherbe pour consoler la reine, qui venait de perdre son fils Nicolas-Henri (titré duc d’Orléans) en novembre 1611 à l’âge de quatre ans. Quatrième enfant et deuxième fils du roi Henri IV et de la reine Marie de Médicis, le duc d’Orléans  a été après l’assassinat de son père le 14 mai 1610 l’héritier présomptif des trônes de France et de Navarre avant qu’il ne meurt un peu plus d’un an plus tard le 17 novembre.

Consolez-vous, madame ; apaisez votre plainte :
La France, à qui vos yeux tiennent lieu de soleil,
Ne dormira jamais d’un paisible sommeil,
Tant que sur votre front la douleur sera peinte.

Rendez-vous à vous-même, assurez votre crainte,
Et de votre vertu recevez ce conseil,
Que souffrir sans murmure est le seul appareil
Qui peut guérir l’ennui dont vous êtes atteinte.

Le ciel, en qui votre âme a borné ses amours,
Etait bien obligé de vous donner des jours
Qui fussent sans orage et qui n’eussent point d’ombre ;

Mais ayant de vos fils les grands cœurs découverts,
N’a-t-il pas moins failli d’en ôter un du nombre,
Que d’en partager trois en un seul univers ?

Sur le mariage du roi et de la reine (après 1615)

Poème écrit par Malherbe à l’occasion du mariage du roi Louis XIII et d’Anne d’Autriche en octobre 1615.

Mopse, entre les devins l’Apollon de cet âge

Avait toujours fait espérer
Qu’un soleil qui naîtrait sur les rives du Tage,
En la terre du lis nous viendrait éclairer.

Cette prédiction semblait une aventure
Contre le sens et le discours,
N’étant pas convenable aux règles de nature
Qu’un soleil se levât où se couchent les jours.

Anne qui de Madrid fut l’unique miracle,
Maintenant l’aise de nos yeux,
Au sein de notre Mars satisfait à l’oracle,
Et dégage envers nous la promesse des cieux.

Bien est-elle un soleil : et ses yeux adorables,
Déjà vus de tout l’horizon
Font croire que nos maux seront maux incurables,
Si d’un si beau remède ils n’ont leur guérison.

Quoi que l’esprit y cherche il n’y voit que des chaînes
Qui le captivent à ses lois :
Certes c’est à l’Espagne à produire des reines,
Comme c’est à la France à produire des rois.

Heureux couple d’amants, notre grande Marie
A pour vous combattu le sort :
Elle a forcé les vents, et dompté leur furie ;
C’est à vous de goûter les délices du port.

Goûtez-le, beaux esprits, et donnez connaissance,
En l’excès de votre plaisir,
Qu’à des coeurs bien touchés tarder la jouissance,
C’est infailliblement leur croître le désir.

Les fleurs de votre amour dignes de leur racine,
Montrent un grand commencement,
Mais il faut passer outre, et des fruits de Lucine,
Faire avoir à nos voeux leur accomplissement.

Réservez le repos à ces vieilles années
Par qui le sang est refroidi :
Tout le plaisir des jours est en leurs matinées :
La nuit est déjà proche à qui passe midi.

Au Roi Louis XIII (1623)

Vers écrits juste après la guerre de 1621 et 1622 entre les Catholiques et les Huguenots qui a ressurgie avec le règne de Louis XIII.

Muses, je suis confus ; mon devoir me convie
À louer de mon roi les rares qualités ;
Mais le mauvais destin qu’ont les témérités
Fait peur à ma faiblesse et m’en ôte l’envie.

À quel front orgueilleux n’a l’audace ravie
Le nombre des lauriers qu’il a déjà plantés ?
Et ce que sa valeur a fait en deux étés
Alcide l’eût-il fait en deux siècles de vie ?

Il arrivait à peine à l’âge de vingt ans,
Quand sa juste colère assaillant nos Titans
Nous donna de nos maux l’heureuse délivrance.

Certes, ou ce miracle a mes sens éblouis,
Ou Mars s’est mis lui-même au trône de la France
Et s’est fait notre roi sous le nom de Louis.

À M. Le cardinal de Richelieu (1624)

Sonnet en l’honneur de Richelieu fidèle soutien du roi Louis XIII comme premier ministre jusqu’à sa mort. Le cardinal a été de bons conseil pour le roi qui a du faire face aux complots et trahisons perpétuels de sa mère, de son frère Gaston d’Orléans et de sa femme (la reine des 3 mousquetaires).

À ce coup nos frayeurs n’auront plus de raison,
Grande âme aux grands travaux sans repos adonnée
Puisque par vos conseils la France est gouvernée,
Tout ce qui la travaille aura sa guérison.

Tel que fut rajeuni le vieil âge d’Eson,
Telle cette princesse en vos mains résignée
Vaincra de ses destins la rigueur obstinée,
Et reprendra le teint de sa verte saison.

Le bon sens de mon roi m’a toujours fait prédire
Que les fruits de la paix combleraient son empire,
Et comme un demi-dieu le feraient adorer :

Mais voyant que le vôtre aujourd’hui le seconde,
Je ne lui promets pas ce qu’il doit espérer,
Si je ne lui promets la conquête du monde.

Paraphrase du psaume CXLV ( 1626)

Poème d’inspiration baroque repris d’un texte sacré, il dresse le portrait du pouvoir royal qui est en réalité négligeable. C’est aussi une réflexion sur le pouvoir sur terre, les comportements et les envies qui en découlent ainsi que la vie de courtisan et ses illusions dans la cour royale.

N’espérons plus, mon âme, aux promesses du monde
Sa lumière est un verre, et sa faveur une onde
Que toujours quelque vent empêche de calmer.
Quittons ses vanités, lassons-nous de les suivre ;

C’est Dieu qui nous fait vivre,
C’est Dieu qu’il faut aimer.

En vain, pour satisfaire à nos lâches envies,
Nous passons près des rois tout le temps de nos vies
À souffrir des mépris et ployer les genoux :
Ce qu’ils peuvent n’est rien ; ils sont comme nous sommes,

Véritablement hommes,
Et meurent comme nous.

Ont-ils rendu l’esprit, ce n’est plus que poussière
Que cette majesté si pompeuse et si fière
Dont l’éclat orgueilleux étonne l’univers ;
Et dans ces grands tombeaux où leurs âmes hautaines

Font encore les vaines,
Ils sont mangés des vers.

Là se perdent ces noms de maîtres de la terre,
D’arbitres de la paix, de foudres de la guerre ;
Comme ils n’ont plus de sceptre, ils n’ont plus de flatteurs,
Et tombent avec eux d’une chute commune

Tous ceux que leur fortune
Faisait leurs serviteurs.

Beauté, mon beau soucis…ode

Beauté, mon beau souci, de qui l’âme incertaine
A, comme l’Océan, son flux et son reflux,
Pensez de vous résoudre à soulager ma peine,
Ou je me vais résoudre à ne le souffrir plus.

Vos yeux ont des appas que j’aime et que je prise,
Et qui peuvent beaucoup dessus ma liberté ;
Mais pour me retenir, s’ils font cas de ma prise,
Il leur faut de l’amour autant que de beauté.

Quand je pense être au point que cela s’accomplisse
Quelque excuse toujours en empêche l’effet ;
C’est la toile sans fin de la femme d’Ulysse,
Dont l’ouvrage du soir au matin se défait.

Madame, avisez-y, vous perdez votre gloire
De me l’avoir promis, et vous rire de moi ;
S’il ne vous en souvient, vous manquez de mémoire,
Et s’il vous en souvient, vous n’avez point de foi.

J’avais toujours fait compte, aimant chose si haute,
De ne m’en séparer qu’avecque le trépas ;
S’il arrive autrement, ce sera votre faute
De faire des serments et ne les tenir pas.

Ou qu’elle eût moins senti la poussière funeste
Et les vers du cercueil ?

Non, non, mon Du Perier, aussitôt que la Parque
Ôte l’âme du corps,
L’âge s’évanouit au-deçà de la barque,
Et ne suit point les morts.

Tithon n’a plus les ans qui le firent cigale,
Et Pluton aujourd’hui,
Sans égard du passé, les mérites égale
D’Archemore et de lui.

Ne te lasse donc plus d’inutiles complaintes,
Mais sage à l’avenir,
Aime une ombre comme ombre, et des cendres éteintes
Éteins le souvenir.

Sur la mort de son fils (1627-1628)

Sonnet écrit par Malherbe après la mort de son fils Marc-Antoine lors d’un duel entre juin et octobre 1627.

Que mon fils ait perdu sa dépouille mortelle,
Ce fils qui fut si brave, et que j’aimai si fort,
Je ne l’impute point à l’injure du sort,
Puisque finir à l’homme est chose naturelle.

Mais que de deux marauds la surprise infidèle
Ait terminé ses jours d’une tragique mort,
En cela ma douleur n’a point de réconfort,
Et tous mes sentiments sont d’accord avec elle.

Ô mon Dieu, mon Sauveur, puisque, par la raison,

Le trouble de mon âme étant sans guérison,
Le vœu de la vengeance est un vœu légitime,

Fais que de ton appui je sois fortifié ;
Ta justice t’en prie, et les auteurs du crime
Sont fils de ces bourreaux qui t’ont crucifié.

Poèmes essentiels de François de Malherbe

  • Si des maux renaissants avec ma patience, etc. . . . . .
  • Les Larmes de Saint Pierre . . . . .
  • Stances pour le duc de Montpensier . . . . .
  • Ode au roi Henri-le-Grand, sur la réduction de Marseille . . . . .
  • Fragments d’une ode à Henri-le-Grand, sur la réduction de Marseille . . . . .
  • Enfin cette beauté m’a la place rendue, etc. . . . . .
  • Consolation à Caritée . . . . .
  • Beauté, mon cher souci, de qui l’âme incertaine, etc. . . . . .
  • Consolation à M. du Périer . . . . .
  • Ode à Marie de Médicis, sur sa bienvenue en France . . . . .
  • Sonnet à Jean Rabel, peintre . . . . .
  • Paraphrase du psaume VIII . . . . .
  • Sonnet à la princesse de Condé douairière . . . . .
  • Stances pour le roi Henri-le-Grand, allant en Limousin . . . . .
  • Ode sur l’attentat commis sur le Pont-Neuf en la personne de Henri IV . . . . .
  • Ode au roi Henri IV, sur le voyage de Sedan . . . . .
  • Chanson faite avec la duchesse de Bellegarde et Racan . . . . .
  • Stances pour le duc de Bellegarde . . . . .
  • Sonnet au roi Henri-le-Grand . . . . .
  • Sonnet au même . . . . .
  • Chanson sur le départ de la vicomtesse d’Auchy . . . . .
  • Ode au duc de Bellegarde, grand-écuyer de France . . . . .
  • Sonnet à M. de Flurance, sur son livre de l’Art d’embellir . . . . .
  • Sonnet sur l’absence de la vicomtesse d’Auchy . . . . .
  • Stances pour la même . . . . .
  • Sonnet pour la même . . . . .
  • Stances sur l’éloignement de la même ou de la comtesse de la Roche . . . . .
  • Sonnet à la même . . . . .
  • Sonnet sur l’absence de la même . . . . .
  • Sonnet sur le même sujet . . . . .
  • Sonnet à la même . . . . .
  • Stances à la princesse de Conti . . . . .
  • La Renommée à Henri-le-Grand, dans le ballet de la reine . . . . .
  • Stances pour Henri IV, sous le nom d’Alcandre, sur l’absence d’Oranthe, ou de la princesse de Condé . . . . .
  • Stances pour le même, sur le même sujet . . . . .
  • Chanson pour Henri-le-Grand, sur la dernière absence de la princesse de Condé . . . . .
  • Sonnet au Dauphin, depuis roi Louis XIII . . . . .
  • Stances composées en Bourgogne . . . . .
  • Épigramme sur mademoiselle de Conti . . . . .
  • Épitaphe, en forme de sonnet, pour mademoiselle de Conti . . . . .
  • Sonnet au roi Henri-le-Grand, pour le premier ballet de M. le Dauphin . . . . .
  • Stances au roi Henri-le-Grand, pour de petites nymphes, dans un divertissement de la cour . . . . .
  • Stances sur la mort de Henri-le-Grand, au nom du duc de Bellegarde . . . . .
  • Ode à Marie de Médicis, sur le succès de sa régence . . . . .
  • Sonnet à Marie de Médicis, sur la mort de M. le duc d’Orléans, son second fils . . . . .
  • Stances à la reine Marie de Médicis, pendant sa régence . . . . .
  • Sonnet à M. du Maine, sur ses Œuvres Spirituelles . . . . .
  • Stances des sibylles sur la publication du mariage de Louis XIII avec l’infante d’Espagne, Anne d’Autriche, etc. . . . . .
  • Sonnet à Marie de Médicis, pour M. de la Ceppède . . . . .
  • Épigramme sur la Pucelle d’Orléans, brûlée par les Anglois . . . . .
  • Épigramme sur sa statue qui étoit sans inscription . . . . .
  • Ode imparfaite à Marie de Médicis, après la première guerre des princes . . . . .
  • Fragment d’une ode au sujet de la même guerre des princes . . . . .
  • Paraphrase du psaume CXXVIII, à l’occasion de la même guerre . . . . .
  • Épitaphe, en forme de sonnet, pour madame Puget . . . . .
  • Dédicace de la prédédente épitaphe . . . . .
  • Épigramme pour les Heures de la vicomtesse d’Auchy . . . . .
  • Sus, debout la merveille des belles, etc. . . . . .
  • Récit d’un berger au ballet du Triomphe de Pallas . . . . .
  • Stances sur le mariage de de Louis XIII avec Anne d’Autriche . . . . .
  • Chanson pour le duc de Bellegarde, amoureux d’une dame . . . . .
  • Chanson pour le même, amoureux de la même . . . . .
  • Stances pour le même, sur la guérison de la même . . . . .
  • Épigramme pour les poèmes du sieur de Lartigues, Provençal . . . . .
  • Prophétie du dieu de la Seine contre le maréchal d’Ancre . . . . .
  • Stances pour le comte de Charny et mademoiselle de Castille . . . . .
  • Épigramme sur une image de Sainte Catherine . . . . .
  • Imitation de l’épigramme XL du sixième livre de Martial . . . . .
  • Sonnet à la princesse de Conti . . . . .
  • Stances spirituelles . . . . .
  • Chanson à la marquise de Rambouillet, sous le nom de Rodanthe . . . . .
  • Sonnet à M. le duc d’Orléans, frère de Louis XIII . . . . .
  • Stances au premier président de Verdun, sur la mort de sa femme . . . . .
  • Inscription pour le portrait de Cassandre, maîtresse de Ronsard . . . . .
  • Sonnet au roi Louis XIII, après la guerre contre les Huguenots . . . . .
  • Fragment d’une ode au cardinal de Richelieu . . . . .
  • Sonnet au roi Louis XIII . . . . .
  • Fragment de vers alexandrins pour la marquise de Rambouillet . . . . .
  • Sonnet au cardinal de Richelieu, alors premier ministre . . . . .
  • Ode au roi Louis XIII allant châtier la rébellion de La Rochelle . . . . .
  • Fragment d’une ode sur la prise de La Rochelle, alors prochaine . . . . .
  • Sonnet sur la mort du fils de Malherbe . . . . .
  • Ode à M. de la Garde, au sujet de son Histoire Sainte . . . . .
  • Chanson pour la dame de ses pensées . . . . .
  • Est-ce à jamais, folle Espérance, etc. . . . . .
  • Quoi donc ! ma lâcheté sera si criminelle, etc. . . . . .
  • Sonnet sur la mort d’un gentilhomme qui fut assassiné . . . . .
  • Épitaphe d’un gentilhomme mort âgé de cent ans . . . . .
  • Fin d’une ode pour le roi . . . . .
  • Invective contre les mignons de Henri III . . . . .
  • Épitaphe de M. d’Is, parent de l’auteur . . . . .
  • Paraphrase d’une partie du psaume CXLV . . . . .
  • Ode I. Je meurs, Groulart, d’ouïr sortir des hommes, etc. . . . . .
  • Ode III. Couronne, je veux être encontre la Fortune, etc. . . . . .
  • Ode IV. Je hais le mignon médisant, etc. . . . . .
  • Ode V. Chamgoubert, ce n’est rien de cette pauvre vie, etc. . . . . .
  • Ode VI. Il n’est heure dans le jour, etc. . . . . .

Citations de François de Malherbe

  • Il est meilleur de ne rien dire, que ne pas dire ce qu’il faut.
  • Le vivre et le vieillir sont choses si conjointes, que l’imagination même a de la peine à les séparer.
  • Il n’y a que deux belles choses au monde, les femmes et les roses, et que deux bons morceaux : les femmes et les melons.
  • Deux beaux yeux sont l’empire pour qui je soupire.
  • L’aiguillon de l’amour, c’est la difficulté.
  • Un courage élevé toute peine surmonte.
  • Qui cesse d’espérer, il cesse aussi de craindre.
  • Le temps est médecin d’heureuse expérience.
  • Je ne l’impute point à l’injure du sort, puisque finir à l’homme est chose naturelle.
  • Le trouble de mon âme étant sans guérison, le vœu de la vengeance est un vœu légitime.
  • Ta fille était du monde où les plus belles choses ont le pire destin ;
  • Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses, l’espace d’un matin.
  • Grandeurs, richesses et l’amour, sont fleurs périssables et vaines.
  • L’orgueil ne connaît point de lois.
  • Apprenez, âmes vulgaires, à mourir sans murmurer.
  • Que d’épines, Amour, accompagnent tes roses !
  • Je ne trouve la paix qu’à me faire la guerre.
  • Un déplaisir extrême est toujours à la fin d’un extrême plaisir !
  • La bonne cause est toujours la plus forte.
  • La femme est une mer aux naufrages fatales ; rien ne peut aplanir son humeur inégale.
  • Une chose qui plaît n’est jamais assurée.
  • Il n’est rien ici-bas d’éternelle durée.
  • C’est Dieu qui nous fait vivre, c’est Dieu qu’il faut aimer.
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