René Descartes, fondateur de la philosophie moderne
28 Sep 2015 | Publié par dans Histoire de la littérature française | Le XVI – XVII siècleBiographie de René Descartes (1596-1650):
Mathématicien, physicien et philosophe français, René Descartes naît le 31 mars 1596 à La Haye (aujourd’hui Descartes) en Touraine. Il est le troisième enfant de Joachim Descartes, conseiller au parlement de Bretagne, et de Jeanne Brochard. il est baptisé le 3 avril en l’église Saint-Georges. Il perd sa mère alors qu’il n’est âgé que de 13 mois. Il est alors élevé par sa grand-mère maternelle, son père et sa nourrice.
René reçoit une éducation solide et une formation classique, complétée par la connaissance des arts d’agrément et des talents militaires et juridiques. Il commence d’abord à lire et à écrire chez sa grand-mère et sa sœur aînée Jeanne. Il rejoint ensuite les jésuites du Collège royal Henri-le-Grand de la Flèche, fondé par Henri IV et qui vient d’ouvrir. Il complète son éducation en pratiquant, l’équitation,dance et l’escrime.
René Descartes obtient son baccalauréat et sa licence en droit civil et canonique à l’université de Poitiers en novembre 1616. Il part alors vivre à Paris où il rencontre le mathématicien Claude Mydorge et retrouve son ancien maître l’abbé Marin Mersenne. Il finit par se retirer en solitaire pour se consacrer à l’étude des mathématiques deux années de vie cachée durant. Il préfère avancer masqué » Heureux qui a vécu caché » étant sa devise.
René Descartes est considéré comme le premier philosophe moderne. C’est lui qui met fin à la longue suprématie de l’aristotélisme (interprétation médiévale de l’enseignement d’Aristote), et projette de fonder une science universelle. Il reste notamment célèbre pour son « Cogito, ergo sum » (« Je pense, donc je suis »), exprimé la première fois dans « Discours de la méthode ». Cette formule exprime selon l’auteur la première des certitudes, celle de sa propre existence, à partir de laquelle le monde est bâti.
Les pérégrinations de Descartes le mènent d’abord en Hollande (1618) pour s’engager à l’école de guerre de Maurice de Nassau (prince d’Orange). Il rencontre le physicien Isaac Beeckman la même année. Il se rend ensuite au Danemark, en Allemagne où éclate la guerre de Trente ans. Il assiste au couronnement de l’Empereur Ferdinand, avant de s’engager dans l’armée du duc Maximilien de Bavière. Il considère ces aventures en terre étrangère sont très formatrices stimulantes intellectuellement, en ce sens qu’il y puise des éléments de réflexion philosophique et d’analyse scientifique grâce notamment aux contacts avec des savants. C’est durant cette période de sa vie (entre 1619 et 1620) à Neubourg qu’il fait, selon lui, trois songes exaltants qui l’éclairent sur sa vocation. Il parle de la révélation d’une « science admirable » dont il va concevoir les fondements.
René Descartes renonce finalement au métier des armes. Il se rend de nouveau en Hollande (1621), puis revient en France (1622) pour prendre possession de l’héritage de sa mère. Il fait en 1623 un voyage de plusieurs mois en Italie, avant de revenir en France et demeurer à Paris jusqu’en 1629 puis repartir en Hollande. A l’invitation de la reine Christine de Suède, férue de philosophie, il se rend à Stockholm en septembre. Après avoir passé quelques mois intenses avec elle, il succombe à une pneumonie le 11 février 1650. Mais selon Eike Pies dans « L’Affaire Descartes » et Theodor Ebert dans « La Mort mystérieuse de René Descartes », le philosophe aurait été empoisonné à l’arsenic par François Viogué (aumônier, père catholique et missionnaire à l’ambassade de France à Stockholm). Celui-ci aurait craint qu’il n’influençât la reine Christine qui est luthérienne et qu’elle ne renonçât à se convertir au catholicisme. Ebert soutient donc, preuves à l’appui, la thèse de l’assassinat.
Oeuvre de René Descartes
En novembre 1633, René Descartes apprend que Galilée est traduit par l’Eglise devant le tribunal de l’inquisition pour ses idées copernicienne, contraires aux Écritures Saintes. La controverse Ptoléméo-copernicienne et ce procès le font rallier au système cosmologique copernicein, alors qu’il ne se destinait pas à une carrière philosophique. Il veut faire mieux que Galilée, ayant dans l’idée que celui-ci s’y est mal pris pour expliquer la thèse de l’héliocentrique (théorie qui place le Soleil au centre de l’ Univers). Il prend néanmoins soin de dissimuler ses idées et avance avec un masque, craignant à son tour d’être la cible des religieux et autres conservateurs. Pour défendre cette thèse il écrit alors son « Traité du monde de la lumière » (1632), qu’il ne publiera que deux années plus tard. Une oeuvre qui est le prémisse à une nouvelle méthode de pensée, à des idées nouvelles qui allaient révolutionner à leur tour la philosophie et la théologie jusqu’à influencer considérablement tout son siècle.
Avant de s’intéresser à l’existence des corps, Descartes se penche d’abord sur celle de Dieu, dont il démontre l’existence. Ses seules certitudes ou vérités sont celle de sa propre existence, d’où le fameux « je pense, donc je suis », et celle de Dieu. Le reste doit être fondé sur la notion de doute absolu, excluant toute certitude. Pour se faire il s’attaque d’abord à la science incertaine du Moyen Âge. Il lui substituer une autre, qui aurait le même degré de certitude que celui des mathématiques. Il établie alors une méthode à même d’arriver à écarter le doute, c’est à dire à la certitude.
Soucieux de mettre de l’unité dans les sciences, il travaille sur la généralisation de cette certitude à tous les savoirs, qui prendra le nom Mathesis Universalis (La mathématique universelle) dans les « Règles pour la direction de l’esprit ». Descartes part du principe que c’est toujours une pensée unifiée qui est à l’œuvre dans la science.
Descartes s’intéresse ensuite à l’étude du champ affectif humain, et de la nature de l’union entre l’âme et le corps. Il rompt avec la tradition aristotélicienne en affirmant un dualisme non négligeable entre l’âme et le corps. Il va jusqu’à considérer l’animal comme une machine, une créature sans pensée ni âme. Une théorie qui trouvera des opposants, notamment Voltaire, Rousseau et Diderot au temps des Lumières.
Pour Descartes c’est l’action divine qui agit, en le recréant sans cesse, et maintient dans l’être le Monde et tout l’Univers. Cette force motrice permet au Monde et ses composantes de se mouvoir. La métaphysique cartésienne trouve selon lui son origine et son fondement en Dieu, en ce sens que c’est son action qui est au principe même du mouvement. La physique n’a plus alors qu’à définir et étudier les lois qui en découlent. Toutes ses recherchent scientifiques sont orientées et justifiées par l’idée qu’il se fait du divin. Mais il prend bien soin de distinguer ce qui est de l’ordre du divin de ce qui est du domaine de la connaissance ainsi que des choses.
Œuvres de René Descartes
Les Règles pour la direction de l’esprit (1628, inachevées)
Dans cette ouvrage, Descartes propose un certain nombre de règles qui ont pour objet d’orienter l’esprit dans la quête de vérité et de lui éviter des efforts inutiles. C’est en fait toute une méthode pour éviter de prendre le faux pour du vrai, et d’acquérir la science que l’auteur qualifie de Sagesse. Etant la connaissance de tout ce qui est humainement possible, celle-ci est selon lui « la fin générale » à laquelle la méthode doit conduire. La méthode se présente donc comme un moyen d’atteindre un but, la Sagesse, en ce sens que celle-ci est l’accomplissement de la vraie connaissance de toutes les choses dont leur esprit est capable.
Première règle:
Le but des études doit être de diriger l’esprit de manière à ce qu’il porte des jugements solides et vrais sur tout ce qui se présente à lui.
Deuxième règle:
Il ne faut nous occuper que des objets dont notre esprit paraît capable d’acquérir une connaissance certaine et indubitable.
Troisième règle:
II faut chercher sur l’objet de notre étude, non pas ce qu’en ont pensé les autres, ni ce que nous soupçonnons nous mêmes, mais ce que nous pouvons voir clairement et avec évidence, ou déduire d’une manière certaine. C’est le seul moyen d’arriver à la science.
Quatrième règle:
Nécessité de la méthode dans la recherche de la vérité.
Cinquième règle:
Il faut ramener graduellement les propositions embarrassées et obscures à de plus simples, et ensuite partir de l’intuition de ces dernières pour arriver, par les mêmes degrés, à la connaissance des autres.
Sixième règle:
Pour distinguer les choses les plus simples de celles qui sont enveloppées, et suivre cette recherche avec ordre, il faut, dans chaque série d’objets, où de quelques vérités nous avons déduit d’autres vérités, reconnaître quelle est la chose la plus simple, et comment toutes les autres s’en éloignent plus ou moins, ou également.
Septième règle:
Pour compléter la science il faut que la pensée parcoure, d’un mouvement non interrompu et suivi, tous les objets qui appartiennent au but qu’elle veut atteindre, et qu’ensuite elle les résume dans une énumération méthodique et suffisante.
Huitième règle:
Si dans la série des questions il s’en présente une que notre esprit ne peut comprendre parfaitement, il faut s’arrêter là, ne pas examiner ce qui suit, mais s’épargner un travail superflu.
Neuvième règle:
Il faut diriger toutes les forces de son esprit sur les choses les plus faciles et de la moindre importance, et s’y arrêter longtemps, jusqu’à ce qu’on ait pris l’habitude de voir la vérité clairement et distinctement.
Dixième règle:
Pour que l’esprit acquière de la facilité, il faut l’exercer à trouver les choses que d’autres ont déjà découvertes, et à parcourir avec méthode même les arts les plus communs, surtout ceux qui expliquent l’ordre ou le supposent.
Onzième règle:
Apres avoir aperçu par l’intuition quelques propositions simples, si nous en concluons quelque autre, il est inutile de les suivre sans interrompre un seul instant le mouvement de la pensée, de réfléchir à leurs rapports mutuels, et d’en concevoir distinctement à la fois le plus grand nombre possible ; c’est le moyen de donner à notre science plus de certitude et à notre esprit plus d’étendue.
Douzième règle:
Enfin il faut se servir de toutes les ressources de l’intelligence, de l’imagination, des sens, de la mémoire, pour avoir une intuition distincte des propositions simples, pour comparer convenablement ce qu’on cherche avec ce qu’on connaît, et pour trouver les choses qui doivent être ainsi comparées entre elles ; en un mot on ne doit négliger aucun des moyens dont l’homme est pourvu.
Treizième règle:
Quand nous comprenons parfaitement une question, il faut la dégager de toute conception superflue, la réduire au plus simple, la subdiviser le plus possible au moyen de l’énumération.
Quatorzième règle:
La même règle doit s’appliquer à l’étendue réelle des corps, et il faut la représenter tout entière à l’imagination, au moyen de figures nues ; de cette manière l’entendement la comprendra bien plus distinctement.
Quinzième règle:
Souvent il est bon de tracer ces figures, et de les montrer aux sens externes, pour tenir plus facilement notre esprit attentif.
Seizième règle:
Quant à ce qui n’exige pas l’attention de l’esprit, quoique nécessaire pour la conclusion, il vaut mieux le désigner par de courtes notes que par des figures entières. Par ce moyen la mémoire ne pourra nous faire défaut, et cependant la pensée ne sera pas distraite, pour le retenir, des autres opérations auxquelles elle est occupée.
Dix-septième règle:
Il faut parcourir directement la difficulté proposée, en faisant abstraction de ce que quelques uns de ses termes sont connus et les autres inconnus, et en suivant, par la marche véritable, la mutuelle dépendance des unes et des autres.
Dix-huitième règle:
Pour cela il n’est besoin que de quatre opérations, l’addition, la soustraction, la multiplication et la division ; même les deux dernières n’ont souvent pas besoin d’être faites, tant pour ne rien embrasser inutilement, que parce qu’elles peuvent par la suite être plus facilement exécutées.
Dix-neuvième règle:
C’est par celle méthode qu’il faut chercher autant de grandeurs exprimées de deux manières différentes que nous supposons connus de termes inconnus, pour parcourir directement la difficulté; car par ce moyen, nous aurons autant de comparaisons entre deux choses égales.
Vingtième règle:
Après avoir trouvé les équations, il faut achever les opérations que nous avons omises, sans jamais employer la multiplication toutes les fois qu’il aura lieu à division.
Vingt et unième règle:
S’il y a plusieurs équations de cette espèce, il faudra les réduire toutes à une seule, savoir à celle dont les termes occuperont le plus petit nombre de degrés, dans la série des grandeurs en proportion continue, selon laquelle ces termes eux-mêmes doivent être disposés.
Le Monde ou le Traité de la lumière (1633, publié post-mortem)
Alors qu’il s’apprête à publier ce traité René Descartes, qui admet aussi le mouvement de la Terre, apprend que Galilée est condamné par les inquisiteurs du Saint-Office à Rome pour son Dialogue sur les deux grands systèmes du monde (Pour Galilée, la Terre tournait autour du soleil et n’est pas le centre de l’Univers). Il sursoit alors temporairement à sa publication qu’il laisse dans l’ombre. Il publie cependant en 1637 trois petits traités (Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité à travers les sciences, la Dioptrique, les Météores et la Géométrie) qui renseignent quelque peu sur sa doctrine. Le but est de connaître les réactions des autorités. Le Monde, ou Traité de la lumière ne sera finalement publié que bien après sa mort (1677).
Dans ce traité, l’auteur relate ses idées sur le monde. Il considère que la vie, l’activité humaine et animale (machines du corps vivants) et l’univers physique (machine du monde) sont régis mécaniquement grâce à trois règles de mouvement découlant des lois naturelles établies par Dieu (principe d’inertie, lois de la communication du mouvement…). Cependant, l’âme pensante reste inflexible au mouvement et à ces lois. Avec ce traité, Descartes ouvre la voie à l’organisation rationnelle de la mécanique.
Discours de la méthode (1637)
René Descartes se rend compte, après ce qui est arrivé à Galilée, que les esprits n’étaient pas encore préparés à accueillir favorablement cette science nouvelle. Il adopte donc une attitude prudente pour « avancer maqué ». Le discours de la méthode est destiné justement à préparer ces esprits à comprendre cette science et les résultats de ses recherches. Ce qui explique le titre entier de « Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences. » La raison signifiant ici distinguer ce qui est vrai du faux sur le plan théorique et le bien du mal sur le plan pratique. Retirez à l’homme sa forme raisonnable il cesse d’être un homme, car c’est ce qui le distingue de l’animal.
Pour Descartes excepté les vérités religieuses qui ont été révélées, les vérités scientifique sont à chercher et découvrir. La science est encore à élaborer, et il faut donc une méthode qui doit s’exercer selon des règles à définir pour qu’elle soit efficace. Comme pour convaincre, il expose sa vie intellectuelle et le chemin suivi et parcouru dans la recherche de la vérité. Il nous apprend que la soif de connaître est chez lui une curiosité naturelle. Pour lui apprendre c’est pour distinguer le vrai du faux, pour voir clair dans ses actions et sa vie afin d’avancer avec assurance. Pour Descartes il existe deux sources fondamentales de la connaissance: la raison qui dépend de notre volonté et l’expérience grâce au voyage et contacts avec les autres et les érudits notamment.
Au passage Descartes critique sévèrement l’enseignement qu’il a reçu au collège de La Flèche, pourtant réputé le meilleur en Europe. Il passe en revue toutes les disciplines qu’ils a eu à étudier: du latin et le grec en passant par les mathématiques et la théologie jusqu’à la philosophie scolastique et le jurisprudence… Descartes aborde ce discours par trois constats:
-« Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont ».
Cela veut dire que chaque être humain est pourvu de bon sens, c’est-à-dire de raison.
-« Car ce n’est pas assez d’avoir l’esprit bon, mais le principal est de l’appliquer bien ».
En d’autres termes, quelqu’un qui avancerait lentement, mais dans le bon chemin, irait bien plus loin que quelqu’un qui avancerait rapidement, mais en s’éloignant du chemin.
-« Je savais que les langues… sont nécessaires pour l’intelligence des livres anciens ; que la gentillesse des fables réveille l’esprit…; que la lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés, qui en ont été les auteurs, et même une conversation étudiée, en laquelle ils ne nous découvrent que les meilleures de leurs pensées…; que les mathématiques ont des inventions très subtiles, et qui peuvent beaucoup espérer, tant à contenter les curieux qu’à faciliter tous les arts, et diminuer le travail des hommes…; que la philosophie, donne moyen de parler vraisemblablement de toutes choses, et se faire admirer des moins savants ; que la jurisprudence, la médecine et des autres sciences, apportent des honneurs et des richesses à ceux qui les cultivent ; et enfin, qu’il est bon de les avoir toutes examinées, même les plus superstitieuses et les plus fausses, afin de connaître leur juste valeur, et se garder d’en être trompé. »
Descartes énumère des domaines de connaissance qui trouvent une application dans la réalité, et peuvent donc être bénéfiques. Il expose les vertus des connaissances qu’il a reçues, mais les écarte ensuite par le doute afin d’aller chercher la vérité.
Après cet état des lieux, il propose une méthode et ses règles. Il la justifie par l’exigence d’être guidé par un chemin balisé, qui permet à la recherche d’éviter l’erreur et d’aboutir à des découvertes. Par cette méthode Descartes se donne comme exigence de suivre quatre règles en toutes circonstances dans ses recherches.
La règle de l’évidence:
Il s’agit de n’admettre que ce qui a été suivi d’un examen et qui résiste au doute. Pour celà éviter deux choses (périls) importants: la prévention et la précipitation. Le premier est en effet fondé sur les préjugés et leur apparence de vérités, et consiste à approuver sans chercher au préalable à distinguer le vrai du faux. Le second consiste à se donner le temps d’examiner scrupuleusement les condition de la validité et à éviter donc la précipitation. Le but est de se faire une idée bien claire et distincte dont on ne peut absolument pas douter, tellement sa vérité saute aux yeux donc évidente. « Ne rien recevoir pour vrai qui ne soit évident ».
La règle de l’analyse:
Face à un problème notamment complexe, Descartes suggère de le décomposer en problèmes ou de points de moindre difficulté pour en simplifier la résolution.
La règle de la synthèse:
C’est la reconstitution dans l’ordre et par étape, des plus simples et aisés au plus complexes, des résultats de l’analyse pour en faire une connaissance structurée et composée de l’objet étudié.
La règle du dénombrement ou récapitulation:
Il s’agit de revoir tout ce qui a été fait pour vérifier et s’assurer que rien n’a été omis et qu’aucune erreur ne s’est glissée.
En appendice Descartes ajoute trois essais: La Dioptrique, Les Météores et la Géométrie.
La Dioptrique:
Publié à Leyde (Hollande) et composé de dix discours l’essai traite de la lumière réfléchie, de la lumière réfractée et des lois de la vision. Usant d’une approche par l’expérimentation, il fait une avancée importante dans le domaine de l’optique. Son travail aboutit notamment à l’énonciation d’une loi de la réfraction puis à la construction d’instruments d’optiques.
Les Météores:
Par cet ouvrage, René Descartes est le premier à s’essayer à l’étude de la météorologie et des phénomènes naturels d’un point de vue scientifique.
La Géométrie:
Après la Dioptrique, les Météores et maintenant la Géométrie, René Descartes nous montrent qu’avec sa Méthode on obtient des résultats positifs. « La Géométrie » est un ouvrage où il est question de l’unité avec l’algèbre. Il invente ainsi les repères cartésiens (système d’axes de coordonnées) qui aboutit à l’écriture de l’équation de courbes et donc à la géométrie analytique.
Méditations métaphysiques (1641)
ou Méditations sur la philosophie première
Composée de six méditations, cette oeuvre philosophique revient avec plus de détails sur le doute et la recherche de la vérité qui doit avoir un fondement solide et irréfutable. Laquelle vérité à laquelle font souvent obstacles les préjugés et les croyances, dont il faut donc se détacher. Lui-même a découvert que les opinions ou connaissances qu’il a reçus dans sa jeunesse étaient fausses. A travers ces méditations, Descartes nous invite à suivre ce parcours de réflexion pour arriver aux mêmes résultats que lui dans la recherche de la vérité.
Méditation première : Des choses que l’on peut révoquer en doute.
Pour Descartes tout ce qui n’est pas absolument certain et assuré est considéré comme faux, douteux. Il s’agit d’abord de remettre en doute tout ce qui a été inculqué dans le domaine de la connaissance durant l’enfance où la raison est encore mal formée. Le doute absolu est l’arme par laquelle on peut établir la vérité et l’exactitude des connaissances car il est nécessaire à toute entreprise de construction scientifique et philosophique.
Méditation seconde : De la nature de l’esprit humain ; et qu’il est plus aisé à connaître que le corps.
Descartes cherche à se mettre hors du doute par une certitude qui sera « un point fixe et assuré ». Il se pose alors la question de savoir s’il existe et en tant que quelque chose après avoir a nié l’existence du monde, des corps et des esprits. Il a une certitude, l’existence de sa pensée aussi perplexe soit-elle comme preuve de la sienne en tant qu’être pensant. C’est sa première vérité » la proposition : je suis, j’existe est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce , ou que je la conçois en on esprit… Mais je ne connais pas encore assez clairement ce que je suis, moi qui suis certain que je suis…je ne suis précisément parlant qu’une chose qui pense » Descartes démontre que le cogito (ou l’esprit) est premier dans l’ordre de la connaissance vis-à-vis du corps. « Je suis une chose pensante (res cogitans) » (res cogitas, je pense).
Méditation troisième : De Dieu ; qu’il existe.
Etant fixé sur sa propre existence, Descartes entreprend de trouver ce qui rend la connaissance de moi aussi certaine et tenter de l’appliquer à d’autres choses.
Le critère de vérité
La certitude d’une existence vient du fait que l’on peut en avoir une idée bien claire et distincte. Elle est alors sûre comme l’est l’évidence mathématiques 3+2 = 5.
L’analyse des pensées
Descartes se penche sur l’analyse des pensées pour appuyer ce qu’il avance. Selon lui ces pensées sont de trois types: les idées, les volontés et les jugements. Si les jugements sont plutôt des actes qui peuvent faussés, les idées et les volontés sont justes des représentations
La certitude de l’existence de Dieu
Descartes oppose le fini à l’infini pour aboutir à la certitude de l’existence de Dieu. L’Homme, dont la condition est d’être fini, ne peut pas produire une idée telle que l’infini, la perfection. Cela ne peut être que l’oeuvre de, Dieu. Cette idée (l’effet) ne peut être le fruit que d’un être infini et parfait (la cause), c’est à dire Dieu qui a mis en la personne cette idée.
Méditation quatrième : Du vrai et du faux.
Après avoir montré sans aucun doute (selon lui) que Dieu existe, Descartes tente de percevoir l’origine des erreurs de l’homme. Se pose la question de savoir pourquoi Dieu, dans son infinie bonté, a t-il conçu l’homme de telle manière qu’il se trompe jusqu’à le lui reprocher de ne pas nous faire parfaits. Mais Dieu n’a fait plutôt que le Monde le plus parfait possible.
Méditation cinquième : De l’essence des choses matérielles ; et, derechef de Dieu, qu’il existe.
L’homme peut désormais produire des connaissances indiscutables, le doute étant écarté grâce la fiabilité et à la performance du vérité (idée claire et distincte).
Les choses matérielles, considérées par Descartes comme l’étendue, sont mesurables en ce sens qu’elles occupent un espace avec leurs caractéristiques que sont dimensions, figures, mouvements, durée, profondeurs. Dès lors on peut envisager l’exercice d’une science physique mathématique.
Méditation sixième : De l’existence des choses matérielles ; et de la réelle distinction entre l’âme et le corps de l’homme.
Descartes nous a mené jusqu’à la connaissance de l’essence même des choses matérielles. Il s’agit maintenant de démontrer leur existence.
Distinction de l’âme et du corps
Descartes distingue l’esprit, qui relève des pensées, du corps qui est une chose matérielle. Descartes distingue donc l’âme du corps.
Vérité des pensées et vérité des sens
Ainsi donc, selon Descartes, il y a donc la vérité de l’esprit et celle du corps. Sauf que les vérités du corps sont confuses, alors que celles des sens ne trompent jamais.
L’union de l’âme et du corps
La dimension de l’homme ne se réduit pas à une âme, substance pensante. La douleur ressentie par exemple, montre que l’âme est liée au corps ou la substance matérielle.
Sortie définitive du doute
Les doutes de la première méditation étant levés, il reste celui celui du rêve.
Quoiqu’il en soit les méditations de Descartes montrent un monde qui n’est jamais fini, avec des connaissances du monde infinies.
Les principes de la philosophie (1644)
Il s’agit là d’une œuvre de synthèse des précédents ouvrages (Méditations métaphysiques ; Discours de la méthode). Descartes nous fait part, dans ce livre inachevé et publié seulement en 1701, du parcours qu’il faut pour s’informer de la science dans les livres de son époques. « Ce qu’ils renferment de bon est mêlé de tant d’inutilités, et dispersé dans la masse de tant de gros volumes, que pour les lire il faudrait plus de temps que la vie humaine ne nous en donne ». Il propose alors un raccourci dans lequel il met en scène trois personnages pour nous faire part de la méthode qu’il préconise, c’est à dire le doute universel.
Pour Descartes la métaphysique est le point de départ (comme les racines d’un arbre) de toutes les connaissances, la philosophie étant l’ arbre. Le tronc représente la physique, alors que les branches toutes les autres sciences notamment la mécanique et la médecine. L’aboutissement en est la morale, fruit de l’arbre, dans laquelle s’inscrit le projet cartésien dans la quête de la vérité. La métaphysique est donc, selon lui, le fondement (lié à la théologie) de toute connaissance. Cette comparaison à un arbre permet à Descartes d’établir une classification des connaissances.
Autres œuvres de René Descartes
- Abrégé de la musique (1618)
- Le Monde, ou Traité de la lumière (publié en 1664)
- L’Homme (publié en 1664)
- Traité de la mécanique (1637)
- Discours de la méthode (1637)
- Méditations métaphysiques (1641)
- Principes de la philosophie (1644)
- Les Passions de l’âme (1649)
- Recherche de la vérité par les lumières naturelles (posthume 1684 et inachevé)
- Premières pensées sur la génération des animaux (posthume)
Citations de René Descartes:
- Le bons sens est la chose du monde la mieux partagée
- Toute science est une connaissance certaine et évidente
- Je pense, donc je suis
- Je suis comme un milieu entre Dieu et le néant
- La raison est la seule chose qui nous rend hommes
- La volonté est tellement libre de sa nature qu’elle ne peut jamais être contrainte
- Il n’y a personne qui ne désire se rendre heureux; mais plusieurs n’en savent pas le moyen
- Les passions sont le sel de la vie
- Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices aussi bien que des plus grandes vertus
- La Passion est passivité de l’âme et activité du corps
- Sur un seul point, la puissance de Dieu est en défaut: il ne peut faire que ce qui est arrivé ne soit pas arrivé